Festival de la Tour des Miracles : suite 1

1 Vanxains Le Festival kakémono redLe Festival de la Tour des Miracles, après un démarrage en douceur, voit arriver son public chaque soir un peu plus nombreux : les fidèles de la première heure, les curieux, et les vacanciers qui  ont eu connaissance de l’événement sur les marchés, ou au hasard de leurs balades.

Le lieu est beau et se prête à un moment de détente à la Guinguette des Miracles entre deux spectacles et au Restaurant Tout en Kamion à la pause dîner précédant les spectacles de la soirée. On y rencontre amis et artistes en toute simplicité.

 

 

3 Vanxains scène du noisetier Christophe red

 

Christophe Lasnier, artiste musicien à l’origine de cette initiative hors norme et maître des lieux, est présent et attentif à chaque détail, et efficacement secondé par ses enfants. Il a su entraîner dans cette aventure une équipe d’amis et de copains qui soutiennent son projet avec énergie et enthousiasme.

 

 

Quels artistes sont venus ces derniers jours?

4 Vanxains Pascal Peroteau red5 Vanxains Jérôme Galan red

 

 

 

 

 

 

 

Pascal Peroteau                                                                            Jérôme Galan, évolution aérienne
Chansons pour enfants
et « Foire d’empoigne »

 

7 Vanxains Tour des Miracles Barthab et Raphaël red8 Vanxains Tour des Miracles Mateo MF red

Barthab, chanson française                                                                        Mateo MF
et Raphaël, accompagnement guitare                                      chanson française

 

9 Vanxains Charlotte et Faustine Lasnier red

 

Charlotte Lasnier, harpe celtique et chant
Faustine Lasnier, guitare et chant

 

 

 

Faustine compose les paroles des chansons où se côtoient la tendresse, l’humour, et les interrogations.
La légèreté n’exclue pas la gravité. Et si des ombres parfois se glissent entre les mots, ce ne sont pas les ténèbres. La lumière est toujours là, aux bouts de leurs doigts.
Merci pour cet enchantement, les jumelles !

 

Après deux jours de relâche, on reprendra le mercredi 15 juillet avec un bal trad sur une musique de la Forcelle.

 

10 Vanxains signalétique Bonsoir red

Et toujours… Jef Vivant!

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Après deux jours de relâche, on reprendra le mercredi 15 juillet avec un bal trad sur une musique de la Forcelle

« La Tour des Miracles » : un festival de saltimbanques sans les banques

C’est un festival qui va durer sept semaines (du 6 juillet au 23 août), en plein air, dans le jardin d’une belle demeure où les pierres et les arbres ont une histoire, voire des histoires…
Cela se trouve entre champs et forêt, à l’orée de Vanxains, petite commune rurale de l’ouest de la Dordogne.

Vanxains la Tour du Tilleul 2

Et pour se lancer dans pareille aventure, il faut être à l’ouest, en effet. C’est sans doute ce qui caractérise cette nef des fous. Amis et artistes se sont rassemblés autour de Christophe Lasnier, artiste musicien, propriétaire des lieux et initiateur du projet avec les compagnies Créaction et Lassen.
Ses seuls soutiens sont la municipalité de Vanxains, la radio locale (Radio Liberté 96.1MHz), l’imprimerie N’Système et la librairie L’Arbre à palabres, toutes trois de Ribérac, ainsi que l’équipe des bénévoles du festival. Un défi.

 Ce festival a commencé il y a deux jours sous un chaud soleil que vient tempérer l’ombre des grands arbres sous lesquels sont disposées les trois scènes. Chaque jour entre 17h et 22h30, les artistes présents donnent quatre spectacles différents : musique, conte, théâtre et danse.
Ils sont de la région ou de plus loin et se succèderont  tout au long de l’été  sur la scène du noyer, la scène du noisetier ou la scène du tilleul.

Vanxains scène du noisetier Mike Starnight 2Vanxains scène du noyer Blind taste 2015 07 07

 

 

 

 

 

 

 

Marek Kastelnik                                                                  Cyril Cosson et Philippe Souque
« Mike Starnight »                                                                                « Blind taste »

 

Vanxains scène du tilleul Monique Burg 1Vanxains scène du noyer Typhus Bronx 2015 07 07

 

Monique Burg                                                                                  Emmanuel Gil
« La virade »                                                                          « Le délirium du papillon »

 

Restauration légère Tout en Kamion

 

 Sur place, une restauration légère propose des plats cuisinés avec des produits bios et locaux et la buvette des rafraîchissements.

 

 

 

 

Vanxains signalisation 2

 

La signalétique est signée Jef Vivant

 

 

 

Le programme est disponible : https://www.facebook.com/tourdesmiracles
Pour tout renseignement : 06 84 82 45 01
Le festival « La Tour des Miracles » est organisé par les compagnies :
Cie CREACTION  : www. creaction-spectacle.com
Cie LASSEN : www.lassencompagnie.com

 

A bientôt pour d’autres rencontres et d’autres coups de cœur.

 

 

 

 

 

 

Le Festival des quartiers à Marsac/l’Isle

À Marsac/l’Isle, le Festival des quartiers s’est tenu le dernier week-end de juin, clôturant ainsi l’année scolaire avec cette grande fête qui réunit les Marsacois autour d’un projet élaboré tout au long de l’année avec de nombreux partenaires et participants.
Écoles, associations, bibliothèque, centre de loisirs, centre culturel y présentaient les travaux réalisés au cours des mois passés.

Cette année, le thème retenu, « Contes et légendes », a été décliné de multiples façons par tous les participants.
Je l’avais suggéré au centre culturel pour l’atelier «  Création d’une légende », animation proposée aux familles dans le cadre du REAAP (Réseau d’Ecoute, d’Appui et d’Accompagnement des Parents) promu par la Caisse d’Allocations Familiales.

 Cette animation, dont je vous ai livré photos et anecdotes au fil des mois passés, s’est terminée avec l’exposition des panneaux réalisés par les parents et leurs enfants qui sont venus une fois par mois le samedi matin partager ce moment de création et de détente, entre novembre 2014 et juin 2015.

Après avoir créé une légende où les lieux caractéristiques de Marsac révélaient leurs secrets et leur magie, parents et enfants ont peint, déchiré, découpé, collé, assemblé… Au fil des séances, chacun, se prenant au jeu de l’imagination, a apporté des éléments pour faire une œuvre collective qui a été exposée au centre culturel.

Marsac Familles Légende urbaine texte 1red

Marsac Familles Légende urbaine panneau 1redMarsac Familles Légende urbaine panneau 2red

Les deux heures dévolues à l’animation de chaque séance passaient bien vite et la complicité devenait plus forte à chaque fois.
Les participants sont venus admirer et photographier leur œuvre, la faire découvrir à leurs amis. Ils me demandaient si l’an prochain l’animation serait reconduite.

Mystère… C’est le propre des légendes !

Lire-larigot 2015 : Verteillac fête le livre jeunesse pour la 3ème fois

Voici quelques photos de la Fête du livre jeunesse qui s’est déroulée à Verteillac le samedi 20 juin 2015 : une belle idée pour entrer dans l’été!

Le thème de cette année était : « Lire et s’amuser »

1 red 24 LIRE-LARIGOT Banderole

Cette journée destinée au public a accueilli auteurs, contrepéteur et conteurs. Elle a été précédée par un ensemble d’animations pour les enfants des écoles maternelles et élémentaires du Verteillacois les jeudi 18 et vendredi 19 juin :
Myriam Baudic : comptines
Michaël Leblond : ombro-cinéma
Joël Martin : contrepèteries
Olivier Ka : « Les histoires malpolites »
Muriel Bloch, accompagnée par Joao Mota : un conte musical
L’association Ah Toupie a mis à la disposition de tous des jeux surdimensionnés.
Johnny Steff, sosie de Johnny Depp, en Jack Sparrow
Et moi-même : animations pour les tout-petits, « Contes à peindre » pour les classes élémentaires et contée.

2 red 24 Verteillac Lire-larigot RAM 2015 06 17

Natacha, bibliothécaire du Verteillacois et organisatrice de Lire-larigot, m’a invitée à conter et chanter à la bibliothèque pour les tout-petits accompagnés par leurs assistantes maternelles le mercredi 17.

 

 

 

Pour les animations des jeudi et vendredi, j’ai choisi des contes que j’ai dits soit avec le livre, soit avec le kamishibaï.
Puis les enfants ont dessiné sur le thème développé dans le conte animaux familiers ou fantastiques, héros, ou personnages grotesques.
À l’issue de la séance, l’enseignant est reparti avec l’œuvre collective réalisée au cours de l’atelier.

8 red 24 LIRE-LARIGOT Lusignac3 red 24 LIRE-LARIGOT Cherval PS-MS

 

 

 

6 red 24 LIRE-LARIGOT Verteillac4 red 24 LIRE-LARIGOT Tour Blanche PS-CP

 

Samedi matin, jour de marché, a été le moment des dédicaces pour les auteurs. A tous ceux qui sont venus me prêter leurs oreilles j’ai dit des contes du monde où arbres, plantes et fruits réservent bien des surprises aux hommes.

9 red 24 Verteillac Lire-larigot stand librairie

 

 

 

 

Dans l’après-midi, la randonnée contée faisait découvrir aux marcheurs des légendes enfouies au creux des bois du village.

Puis Muriel Bloch a embarqué le public pour un tour du monde avec des légendes d’Arménie, d’Afrique et du Brésil,  accompagnée en musique par Joao Mota. Dépaysement garanti!

12 red 24 Verteillac Lire-larigot Joao Mota11 red 24 Verteillac Lire-larigot Muriel Bloch

13 red 24 Verteillac Lire-larigot Olivier Ka 4

 

Olivier Ka a clôturé cette belle journée avec la lecture de l’un de ses textes ou l’humour côtoyait de près une réflexion plus grave.

 

 

 

10 red 24 Verteillac Lire-larigot Jack Sparrow sosie

 

Cette fête s’est terminée en fin d’après-midi avec un lâcher de bonbons pour les enfants grâce au coup de sabre décidé de Jack Sparrow.

 

 

 

Merci à tous les organisateurs et les bénévoles pour ces belles journées!

TAPS À STRAS

Pas d’article en mai ?

Le temps a passé vite car j’ai été plusieurs semaines en immersion dans l’univers scolaire des TAP (Temps d’Activités Périscolaires) devenus NAP (Nouvelles Activités Périscolaires) dans différentes écoles élémentaires de Strasbourg pour initier les enfants au théâtre conté à la demande d’une association locale qui promeut cette activité avec dynamisme et passion en partenariat avec Strasbourg Eurométropole.

Si quelques-uns des enfants n’avaient pas choisi de faire du théâtre (l’un aurait préféré l’atelier Cuisine, un autre l’atelier Taekwondo, un autre encore l’atelier BD, etc.), globalement les autres étaient curieux de découvrir des jeux qui leur permettaient de s’imaginer dans des rôles et des situations cocasses, surprenantes ou fantastiques.
Les exercices mettaient en valeur des points techniques (respiration, posture, imagination, expressivité), d’autres l’aspect relationnel nécessaire pour construire un projet collectif (écoute des autres, conscience de soi).

 À ces enfants si sensibles au monde des images, j’ai aussi présenté des contes avec la technique du kamishibaï (« théâtre d’images »). Cette technique de contage japonaise ancienne a eu un franc succès.

 Kamishibai Butai prêt pour le conte 1Kamishibai Page de titre 2

 

 

 

 

Après en avoir expliqué l’aspect technique simple qui a éveillé leur curiosité, ils ont écouté l’histoire puis nous en avons parlé.
C’était l’occasion de distinguer la légende du conte, de découvrir ce qu’une image peut dire au-delà du texte, et de comprendre comme lire un texte ou le dire sont des exercices différents mais intéressants l’un et l’autre.

Une petite fille m’a dit : « Oh, mais c’est l’ancêtre de la télé ! »
Plusieurs d’entre eux m’ont demandé s’ils pourraient construire un butaï (le castelet dans lequel sont insérées les images) et inventer une histoire.

 Voilà des perspectives nouvelles sur lesquelles j’ai commencé à réfléchir. Cette technique est riche de possibilités tant pour les enfants que pour les adultes.
Pour tous ceux qui souhaitent être des créateurs à part entière, de la conception à la réalisation du support matériel et de l’histoire.

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En avril, tisse ton fil

Avril se termine. Dans l’Antiquité, ce mois ouvrait l’année, ou était dédié à Aphrodite, ou bien encore se rapportait au soleil et à sa clarté. Qu’en est-il vraiment ? L’étymologie est partagée et l’origine reste mystérieuse.
Mais ces trois possibilités recèlent un sens plutôt positif.

 Mes activités ont suivi leur cours avec des animations pour les tout-petits en bibliothèques et en crèches, sur des thèmes de saison : le printemps et la fête de Pâques, avec les aventures des cloches ou du lièvre de Pâques, ponctuées de chansons de circonstance.

 « Les aventures du Chevalier de Marsac »
À Marsac/l’Isle, le deuxième panneau est presque fini. L’atelier Parentalité des « Légendes urbaines » est dynamique. Petits et grands s’y donnent avec toujours autant d’enthousiasme et nous terminerons début juin les deux panneaux de peinture et collage qui retracent les péripéties de ces héros intrépides, ainsi que la rédaction du texte qui les accompagnera.

Marsac 21red 2015 04 11Marsac Légende poisson rouge 1red 2015 04 11

Marsac 22red 2015 04 11Marsac 23red 2015 04 11

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« La beauté »
À la maison de retraite de Saint-Aulaye, cette année encore, un groupe de résidents a souhaité participer au concours d’écriture de nouvelle et de conte de la Communauté de Communes de Lauzun, parrainé par Pierre Bellemare. Cette année le thème est « la beauté ».
Vaste sujet qu’il a fallu circonscrire pour en arriver à l’écriture. Le groupe s’est prêté au jeu avec plaisir et la nouvelle est née de ces idées foisonnantes.

Elle fait la part belle à la beauté de la forêt que connaissent bien les habitants, avec des descriptions de la faune et de la flore, des lumières et des brumes sur les étangs ou dans les sous-bois. Mais elle évoque aussi une activité typique d’autrefois (la charbonnière) par la bouche du garde-chasse qui explique aux élèves de la classe verte qui ont croisé son chemin pourquoi et comment se faisait le charbon de bois dans cette forêt où les habitants étaient si pauvres.
La beauté des sentiments y est présente aussi, mais je ne veux pas trop en dire…

Comme cela avait été le cas pour l’écriture de la chanson « La maison de nos vieux jours » à l’automne 2014, les résidents ont été rejoints par des bénévoles et des soignants. Les participants ont été très actifs et maintenant ils attendent les résultats du concours, en juin.

St-Aulaye Maison de retraite Chenard 1red 2015 04 09

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Poèmes et chansons à l’Espace  Britten de Périgueux

Au cours de ce mois-ci aussi, j’ai été invitée par les associations « Re-création » et « Carpe diem » à participer à deux concerts à l’Espace Britten, à Périgueux.
« Re-création » fêtait ses dix ans d’existence et, pour l’occasion, Philippe Granger y a dit et chanté ses textes. Il avait invité des amis à participer à ces deux spectacles. L’ambiance y a été chaleureuse et d’autres projets pourraient s’en suivre pour tous.

Britten Ph Granger 1Britten BB 2

Britten tous 3

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Rendez-vous en mai, ce qui ne saurait tarder!

Tomas Tranströmer, un poète suédois

Tomas Tranströmer, mort le 26 mars dernier, est un poète que j’ai découvert et lu l’année où il a reçu le Prix Nobel de littérature en 2011.

Ses images poétiques sont d’une concision et d’une force d’évocation telles qu’elles nous projettent dans des mondes où tout s’invente à l’instant de la lecture et demeurent longtemps en nous.

La nature est l’une de ses sources d’inspiration, ses émotions le filtre par lequel il nous offre, en quelques mots, sa vision de l’instant. Ce chemin fulgurant nous mène de la réalité à l’imaginaire, mais aussi à l’interrogation introspective.

Voici trois haïkus parmi les quarante-cinq qui ont été publiés dans « La grande énigme », aux éditions du Castor astral en 2004. Comme le mentionne la première de couverture, ils sont « adaptés du suédois »  par Jacques Outin qui nous permet de goûter en français ce qui nous resterait inaccessible en suédois .
Les suédophones pourront aussi apprécier ces poèmes dans leur langue d’origine.

Tomas TRANSTROMER La grande énigme haïku 16Tomas TRANSTROMER La grande énigme haïku 16bisTomas TRANSTROMER La grande énigme haïku 23Tomas TRANSTROMER La grande énigme haïku 23bis

Tomas TRANSTROMER La grande énigme haïku 15Tomas TRANSTROMER La grande énigme haïku 15bis

 

Monsieur Tranströmer, nous vous souhaitons un merveilleux repos là où vous êtes maintenant.
Et nous vous remercions pour la vision du monde que vous nous avez léguée. Puissions-nous la faire fleurir longtemps et nous-mêmes, sans présomption, être créateurs de mondes à partager.

« Élisée Reclus, géographe, écologiste et anarchiste »

Tel est le titre de l’ouvrage de Jean-Didier Vincent (membre de l’Académie des sciences depuis le 18 novembre 2003 et membre de l’Académie de médecine)  publié en 2010 dont je viens de terminer la lecture.

Autant dire que, par les temps qui courent, il est vivifiant de faire connaissance avec des hommes de la trempe d’Élisée Reclus.

Elisée Reclus par Nadar 3 Elisée Reclus par Nadar 1

2 portraits d’Elisée Reclus par Nadar
(photo n°1: non datée, photo n°2: vers 1900)

Élisée Reclus (18301905), géographe libertaire, Communard, militant et théoricien anarchiste a été un pédagogue et un écrivain prolifique.
Végétarien, naturiste, partisan de l’union libre, enthousiasmé par l’espéranto (langue créée à la fin du XIXème siècle), il est resté fidèle à ses choix envers et contre tout, a soutenu les combats qui lui semblaient justes et dans lesquels il mettait toute son énergie et ses ressources.
En octobre 1894, alors qu’il a créé l’Université nouvelle de Bruxelles avec d’autres professeurs démissionnaires après la fermeture de l’Université libre de Bruxelles qui lui offrait une chaire de géographie comparée, il a eu pour élève notamment  Louise Eugénie Alexandrine Marie David, plus connue sous le nom d’Alexandra David-Néel.

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 Quelques citations extraites des ouvrages d’Élisée Reclus :

Sur l’écologie

« La question de savoir ce qui dans l’œuvre de l’homme sert à embellir ou bien contribue à dégrader la nature extérieure peut sembler futile à des esprits soi-disant positifs : elle n’en a pas moins une importance de premier ordre. Les développements de l’humanité se lient de la manière la plus intime avec la nature environnante. Une harmonie secrète s’établit entre la terre et les peuples qu’elle nourrit, et quand les sociétés imprudentes se permettent de porter la main sur ce qui fait la beauté de leur domaine, elles finissent toujours par s’en repentir. Là où le sol s’est enlaidi, là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent, la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort. Parmi les causes qui dans l’histoire de l’humanité ont déjà fait disparaître tant de civilisations successives, il faudrait compter en première ligne la brutale violence avec laquelle la plupart des nations traitaient la terre nourricière. Ils abattaient les forêts, laissaient tarir les sources et déborder les fleuves, détérioraient les climats, entouraient les cités de zones marécageuses et pestilentielles ; puis, quand la nature, profanée par eux, leur était devenue hostile, ils la prenaient en haine, et, ne pouvant se retremper comme le sauvage dans la vie des forêts, ils se laissaient de plus en plus abrutir par le despotisme des prêtres et des rois. »
(Du Sentiment de la nature dans les sociétés modernes, La Revue des deux mondes, n°63, 15 mai 1866).

 Sur le progrès

« De quels chants de triomphe en l’honneur du progrès n’ont pas été accompagnées les inaugurations de toutes les usines industrielles avec leurs annexes de cabarets et d’hôpitaux ! Certes, l’industrie amena de réels progrès dans son cortège, mais avec quel scrupule il importe de critiquer les détails de cette grande évolution ! Les misérables populations du Lancashire et de la Silésie nous montrent que tout n’a pas été progrès sans mélange dans leur histoire ! Il ne suffit pas de changer d’état et d’entrer dans une classe nouvelle pour qu’on acquière une plus grande somme de bonheur. »
(L’Homme et la Terre, tome VI, Paris, Librairie universelle, 25 octobre 1905, p. 501-541)

« […] prendre définitivement conscience de notre humanité solidaire, faisant corps avec la planète elle-même, embrasser du regard nos origines, notre présent, notre but rapproché, notre idéal lointain, c’est en cela que consiste le progrès. »
(L’Homme et la Terre, tome VI, Paris, Librairie universelle, 1905, page 565)

Sur le vote

« Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d’une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu’ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.

Voter, c’est être dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d’une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l’échenillage des arbres à l’extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l’immensité de la tâche. L’histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.

Voter c’est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l’honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages  — et peut-être ont-ils raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l’homme change avec lui. Aujourd’hui, le candidat s’incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L’ouvrier, devenu contremaître, peut-il rester ce qu’il était avant d’avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n’apprend-il pas à courber l’échine quand le banquier daigne l’inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l’honneur de l’entretenir dans les antichambres ? L’atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s’ils en sortent corrompus.

N’abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d’autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d’action futur,  agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c’est manquer de vaillance. »
(Clarens, Vaud, 26 septembre 1885. Élisée Reclus : Lettre à Jean Grave parue dans Le Révolté, octobre 1885).

Sur l’anarchie

« Notre destinée, c’est d’arriver à cet état de perfection idéale où les nations n’auront plus besoin d’être sous la tutelle d’un gouvernement ou d’une autre nation; c’est l’absence de gouvernement, c’est l’anarchie, la plus haute expression de l’ordre. »

Citations extraites du livre de Jean-Didier Vincent, « Élisée Reclus, géographe, anarchiste, écologiste », Robert Laffont, 2010)

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Voilà de quoi nourrir et approfondir une réflexion urgente et nécessaire.

 

17ème Printemps des Poètes : « L’insurrection poétique ».

Cette année, le 17ème Printemps des Poètes se déroule sous le signe de « L’insurrection poétique ». Nombreuses sont les propositions qui sont faites, sur le site de cette manifestation culturelle, de textes à dire ou à lire.

Une déambulation avait été prévue sur le marché de ma commune ce matin mais elle a été annulée à cause de la pluie et du vent.

J’avais proposé de dire (en français) « Le toit de notre maison », un poème de Jenuz Duka que j’ai trouvé dans « Tour de Terre en poésie », une anthologie multilingue de poèmes du monde éditée chez Rue du monde qui contient bien d’autres merveilles. Ce poème est aussi mis en musique par Astrit Qerimi.
Et quelques poèmes d’Alexandre Romanès extraits de son livre « Sur l’épaule de l’ange »(Ed. Gallimard /nrf).
Comme ni l’un ni les autres ne seront dits, je vous les fais partager par l’intermédiaire de cet article.

drapeau rrom

 Jenuz Duka, « Le toit de notre maison »

Amare kheresqo ćhatlo

Amare kheresqo ćhatlo
si o baro devel o nango.
Amaro kher si zoralo
khonik naśti peravel les.

Amare kheresqo temèli
si o nango than e phuvǎqo.
Amaro kher si zoralo
khonik naśti thabarel les.

Amare kheresqe barranga
si o śil ta e balvala.
Amaro kher si zoralo
khonik naśti xarravel les.

Amare kheresθe jekh penʒèra
k-i penʒèra tire jakha.
Amaro kher si zoralo
Ov si o rromano ilo.


« 
Le toit de notre maison »

Le toit de notre maison,
C’est le grand ciel tout nu.
Notre maison est solide.
Personne ne peut la renverser.

Les fondations de notre maison
C’est un coin de terre sans rien.
Notre maison est solide
Personne ne peut la ruiner.

Les murs de notre maison
C’est le froid et ce sont les vents.
Notre maison est solide
Personne ne peut l’atteindre.

À notre maison, il y a une fenêtre
À la fenêtre, tes yeux.
Notre maison est solide
C’est le cœur tsigane.

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Alexandre Romanès, poèmes extraits de « Sur l’épaule de l’ange »

Si on pouvait compter
toutes les actions inutiles
qu’on fait dans une vie,
on serait pris de vertige.
*
Aujourd’hui, j’ai reçu
une convocation de la police
pour aller en prison,
mais j’ai aussi écrit deux poèmes.
C’est quand même une belle journée.
*
Courir dans les champs,
sentir le vent
ce n’était pas assez.
Comme tous ceux
qui n’ont rien dans la tête,
moi aussi j’ai cru
qu’il fallait faire des choses.
*
La neige, le vent, les étoiles :
si le cœur est parfait,
pourquoi vouloir plus ?
*
Voix, viole, luth,
si je ferme les yeux
je suis au paradis.
*
Le ciel, donner et Dieu,
Dans la langue tzigane,
C’est le même mot.
*

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Spartacus et Cassandra

RR SPCass aff« Spartacus et Cassandra », le film de Ioanis Nuguet, est lumineux d’humanité, sans concession pour qui que ce soit.
Il présente une réalité brute sinon brutale. C’est un film à voir. Absolument.

Il y a des moments comiques, d’autres tragiques. Mais ce qui ressort avant tout, c’est la maturité de ces deux pré-adolescents et l’énergie  qu’ils ont en eux pour s’extraire de leur situation misérable aidés en cela par Camille, une trapéziste-squatteuse de vingt-et-un ans, dotée elle aussi d’une énergie et d’une maturité hors du commun. Elle leur montre une voie possible : celle de l’école.

 

Déjà Victor Hugo, semble-t-il, disait en son temps (cf le site du Printemps des Poètes) :
« Vous trouvez que la culture coûte cher ? Essayez l’ignorance… »

J’aurais aimé trouver le slam-coup de poing de Spartacus et le poème-souhait de Cassandra, deux textes qui seront publiés un jour j’espère, si ce n’est déjà fait.

Pour en savoir plus sur le film « Spartacus et Cassandra » :
http://www.nourfilms.com/?p=1832

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