Archives mensuelles : février 2014

Loup et sorcières étaient invités à la Bibliothèque Municipale de Ribérac en février

Mercredi 12 février, les sorcières étaient invitées à la Bibliothèque Municipale de Ribérac, pour l’Heure du conte.
Quant au loup, je l’ai fait venir… à pas de loup, à la séance des Bébés lecteurs du 25 février.

Belles ou effrayantes, méchantes ou enjôleuses, les sorcières ont un pouvoir de séduction ou de répulsion certain. Disons qu’elles ne laissent pas indifférent.
Ces femmes n’auraient-elles pas plutôt une perception plus aiguë de leur environnement et de ce qui s’y passe ? Pourquoi oublie-t-on qu’elles ont de l’humour, qu’elles apprennent à regarder la face cachée des choses ?
Est-ce toujours le mal qui se trouve sur l’envers de l’univers ? Qui l’a décidé ainsi ?

"Sorcières", L'Heure du Conte à la Bibliothèque Municipale de Ribérac (Dordogne)
« Sorcières », L’Heure du Conte à la Bibliothèque Municipale de Ribérac (Dordogne)

Quant au loup, il est bien rare qu’il soit associé à un concept positif dans les contes traditionnels à partir d’une certaine époque. Pauvre loup, quel sort injuste les hommes lui font-ils !
Alors, comme pour l’ours, le renard, le blaireau et bien d’autres animaux sauvages, petits et grands, j’ai une vraie joie à dénicher des contes où la nature sauvage est vivante et honorée.
Ces contes existent. Ils sont l’âme des peuples primitifs de tous les continents qui savaient vivre avec la nature puisqu’ils en faisaient totalement partie, toute autre conception du monde étant inimaginable.

Ces merveilles, je les conte à chaque fois qu’il est possible de dire que nous sommes vivants avec eux et grâce à eux. Et c’est comme de grandes fêtes auxquelles m’invitent le loup, le lièvre, l’ours, le hérisson, la sirène, la sorcière, la fée, et tous ces anonymes qui nous font signe, de loin en loin.

Jihad Darwiche à Bordeaux

Mercredi 19 et jeudi 20, Jihad Darwiche donnait deux contées à Bordeaux.
La première à la bibliothèque Saint-Michel, la seconde à la bibliothèque de Bordeaux-Lac.

Jihad Darwiche le 20 février 2014 à la bibliothèque de Bordeaux-Lac
Jihad Darwiche le 20 février 2014 à la bibliothèque de Bordeaux-Lac

Deux lieux, deux ambiances différentes. Deux auditoires également séduits par des contes orientaux en cascade où se succèdent des héros pris dans des aventures rocambolesques.
Le public rit, applaudit et participe activement lorsque le conteur le sollicite.
Enfants et parents se prennent au jeu, parce qu’à ce jeu-là nous avons tous le même âge.

Sans doute est-ce la magie du conte. Et du conteur.
Ni décor, ni accessoire. Tout en présence : le regard et le geste précis, une narration enlevée, et de l’humour toujours.

Parents et enfants ont quitté les bibliothèques sans empressement, sous le charme de mondes qui étaient devenus palpables une heure durant.

Moi aussi j’ai cru à toute cette magie. En fait, j’y crois tout le temps. Ce monde existe. Il faut juste accepter de lui redonner sa place.
Et en plus j’ai appris. Parce qu’il n’y a pas de meilleure école que d’aller observer ses aînés dans le métier pour trouver sa voie – sa voix ?
Sans doute, une réminiscence d’expériences antérieures.

La Saint-Valentin au coin du feu

Samedi 15 février, l’association « La Double en Périgord » a fêté la Saint-Valentin à la Ferme du Parcot, entre bois, étangs et prés.
J’ai été invitée à conter dans le cantou des contes et légendes ayant pour thème l’amour et la nature.
Mon choix s’est porté sur des contes où la nature est la meilleure alliée des amoureux.

le-parcot-amour-nature-2014-02-15

Les amoureux légendaires doivent généralement lutter contre des ennemis tenaces – souvent leurs congénères, mais quelquefois… eux-mêmes – avant d’être enfin réunis.
Leur triomphe vient couronner la fin de leurs épreuves, sauf s’il s’agit d’une tragédie.
Leur victoire signe la métamorphose que l’amour a opérée en eux.
Parfois aussi, ils vivent simplement, avec la sagesse pour guide, comme Philémon et Baucis. Le cœur ouvert sur le monde. Pauvres et généreux.

La vie harmonieuse au cœur de la nature est toujours la marque de la justesse de leurs actes. Les éléments aident princes et paysannes dans la réalisation de leur amour, les forces divines favorisent le passage simultané dans l’éternité de ce vieux couple qui émeut tant l’auditoire à chaque contée.
En effet, n’espérons-nous pas, dans le secret de notre cœur, trouver l’unité irréductible qui est le sceau de l’immortalité ?

Après la contée, le public a partagé ses impressions dans un moment de convivialité qui proposait une transition joyeuse avant de se disperser dans la nuit pluvieuse.
Les veilleuses éclairaient encore le sentier, lucioles vacillantes sous le vent.

La ferme du Parcot : http://parcot.pagesperso-orange.fr/

Une sirène dans mon jardin

« … Une sirène dans mon jardin. Il pleut tellement qu’elle s’y trouverait à l’aise ! »
C’est ce que me dit une amie au téléphone ! Elle est dotée d’un humour solide et déjà je l’imagine nez à nez avec une sirène.

À ce moment-là, je reviens de Loches où j’ai été invitée à conter « Sirènes et Dragons » à la Médiathèque Jacques Lanzmann, dans le cadre de la saison culturelle dédiée aux quatre éléments pour parler du peuple de l’eau, de ces êtres fantastiques si nombreux qui habitent les lieux humides.
C’est devant un auditoire attentif d’adultes et d’enfants que j’ai évoqué ces figures légendaires.

Loches 5 février 2014
Loches 5 février 2014

Le Drac et le Basilic sont terrifiants. Ils hantent respectivement les fleuves et les puits et leurs victimes ont un sort cruel.
Le Dragon, bienveillant, ramène la pluie et la vie reprend son cours harmonieux.
Lorelei, femme abandonnée, attend sur son rocher le retour de son bien-aimé en lissant ses cheveux de soleil avec un peigne d’or. Son chant perd les hommes qui l’entendent. De là à en faire une sorcière, il n’y avait pas qu’un pas, qui fut franchi. Le poème de Guillaume Apollinaire retrace l’histoire tragique de cette femme légendaire.
La Vouivre de la source du Doubs est tuée par cupidité. A-t-elle un diamant ou une escarboucle sur le front ? J’ai opté pour un diamant rouge, et j’ai découvert ensuite que le diamant rouge existe vraiment !
La Sirène de la Fresnaye, cette belle au chant si doux dont la générosité sauve une famille de la misère, connaît un sort meilleur.
Cette légende termine la contée sur une note claire.

Je glisse, l’air de rien, qu’à la collégiale Saint-Ours de Loches, une sirène et un drac s’affrontent à l’angle d’un chapiteau, et que deux autres sont sculptés dans les voussures du portail, à la surprise de l’auditoire. Certainement, la Sirène de la Fresnaye a-t-elle voyagé plus qu’on ne le pense.

Comment résister à la tentation de proposer ces petits clins d’œil qui nous rappellent que nos ancêtres se déplaçaient déjà beaucoup et vivaient entourés d’êtres étranges qui leur parlaient d’autres langages. Et que tous ces témoignages nous entourent. Pour notre plus grand bonheur.