Contes berbères de Kabylie dans des écoles du secteur de Dronne-Double, en Périgord
La semaine dernière, 55 élèves de CM2 et 60 élèves de 6ème se sont rendus à la Bibliothèque Municipale de La Roche-Chalais et à la Salle des Associations de Saint-Aulaye avec leurs professeurs pour écouter « Aubépin », premier conte du recueil de « Contes berbères de Kabylie » de Mouloud Mammeri.
À l’origine : un projet scolaire de défi-lecture s’organise dans ces écoles. Il prend en compte une notion figurant au programme des classes de CM2 et de 6ème : le merveilleux.
À l’étude des contes de ce livre, les professeurs souhaitent ajouter une dimension soulignée par Mouloud Mammeri lui-même : l’oralité.
Les contes étaient dits, à la nuit tombée, par les femmes, généralement les grands-mères, après avoir prononcé la formule magique : «Machaho! tellem chaho!».
Cette formule « permet l’accès à un monde à la fois étrange et familier, où toutes les merveilles sont à portée de désir et tous les vœux miraculeusement exaucés -comme dans les rêves-, ou cruellement déçus -comme dans la réalité. », explique l’auteur dans sa préface.
C’est ainsi que j’ai conté devant ces 115 enfants et leurs professeurs les tribulations d’une jeune fille berbère de Kabylie qui, malmenée par la vie dans ses premières années, triomphe des obstacles grâce à son intelligence, son courage, et son amour de la vie.
À l’issue de chaque contée, les élèves m’ont posé des questions pertinentes sur le conte et sur cette culture qui leur est souvent inconnue. Ils ont fait part de leur étonnement et de leur ressenti, interloqués par la cruauté du conte.
Comme me l’a dit l’un des professeurs : « On est loin des contes en version hollywoodienne pavée de bonnes intentions ! »
Oui, et c’est très bien. Qu’on se souvienne enfin que le conte n’est pas fait pour les enfants, mais qu’ils peuvent l’écouter sous la protection de leurs aînés. C’est ce qui leur permet de grandir.
J’ai eu beaucoup de plaisir à entrer dans cet univers, à étudier des aspects culturels qu’il m’était indispensable de comprendre pour pouvoir nourrir ce conte de ma part de travail et d’engagement dans ce projet.
C’est ainsi, qu’entre autres, j’ai visionné « Machaho », un film de Belkacem Hadjaj datant de 1995, en version originale sous-titrée en français, où j’ai retrouvé l’univers présent dans les contes de Mouloud Mammeri.
Que j’ai réécouté ad libitum « A vava Inouva » d’Idir, découvrant au fil de mes recherches quelle était la signification de ces paroles, ce qui m’a menée jusqu’à une version kabyle du Petit Chaperon rouge. Passionnant !
Que je remercie aussi Fatima B. pour sa gentillesse et sa collaboration : c’est grâce à elle que j’ai appris à prononcer la formule magique indispensable à cette contée.
Merci à toutes les personnes par qui ce projet a pu voir le jour, aux élèves pour leur attention. Et l’intérêt qu’ils ont montré pour cette dimension que nous portons tous en nous … et que nous ignorons si souvent.
Machaho !