Le froid de l’hiver arrive. Pour de bon.
Dimanche encore, les grues ont traversé le ciel en grands V mouvants. Leur cri, si caractéristique, les annonce de loin et les suit bien après leur passage. Dès que je les entends, je les cherche dans le ciel. Mais la nuit, je ne peux que les écouter.
Les grues, ces voyageuses élégantes, m’émeuvent à l’automne lorsqu’elles volent vers un sud au climat plus doux, et lorsqu’à la fin de l’hiver elles repartent vers le nord, annonciatrices du printemps.
Les plus belles légendes nous disent que ce sont des femmes ensorcelées et bienveillantes qui secourent des hommes égarés dans une vie sans horizon.
Aujourd’hui, le givre est venu étoiler les vitres, poudrer de lumière les arbres de la forêt et franger d’aiguilles scintillantes les dernières feuilles craquantes des bouleaux.
L’herbe crisse sous les pas, l’étang fume, les pins sont bleus de froid et les petites feuilles dorées des chênes tombent en papillonnant, bruissantes dans le silence de ce matin.
Les mésanges charbonnières s’affairent, parfois quelques bulles éclatent à la surface de l’eau. Le héron cendré n’est pas encore là.
Les animaux ont retrouvé leur paradis.
Le soleil monte dans un ciel de cristal et lève le voile impalpable que la nuit a déposé sur la nature. Éphémère beauté.