Deux saisons plus tard, nous voilà à nouveau confinés ! À peine avons-nous pris un élan qui nous projetait hors des limites imposées que nous sommes sommés de rentrer au plus vite dans nos foyers pour cause de virus virulent, voyageur et variant.
Contre mauvaise fortune, j’essaie de tirer parti de cette situation. Je suis moins enthousiaste qu’au printemps mais il n’est pas question de me laisser aller.
Animations et spectacles sont à nouveau reportés au printemps prochain, dans le meilleur des cas : heureusement l’« année deux mille vain » tire à sa fin !
On aura fait le tour du cadran sans s’en apercevoir -ou presque- et on attend avec impatience qu’arrive celle qui suit, en la souhaitant meilleure. Trouver sa liberté dans une situation d’enfermement est un exercice à tenter. J’essaie mais ne suis pas sûre d’y arriver.
D’abord, l’automne n’est pas porteur des mêmes énergies que le printemps.
Ensuite, si nous avions confiance dans les effets positifs du 1er confinement, le 2nd nous dit que rien n’est gagné et que les efforts doivent être plus soutenus et sur une durée plus longue qu’on ne l’avait cru.
Les chiffres égrenés chaque jour pour nous annoncer les morts et les contaminés dans le monde pèsent chaque jour davantage sur nos épaules. Parcourir les rues désertes des villes est triste, les rares passants masqués s’évitent, et les premières décorations lumineuses des fêtes de fin d’année ajoutent une touche ironique à cette ambiance désaxée.
Désaxée… C’est le mot. Retrouver notre axe. L’axe du monde.
Les Yakoutes le symbolisent par le bouleau.
Arbre immense, dressé vers le ciel, le bouleau leur donne leur orient. Qu’avons-nous fait du nôtre ?
Vivant loin des villes, j’ai la chance de pouvoir être très vite dans la nature. Là les bouleaux sont dorés, les hêtres roux, et les premières gelées bleuissent les prés. Les champignons aux couleurs discrètes ou éclatantes sont autant de trésors à découvrir sous les feuilles ou dans les mousses.
Tous ne sont pas comestibles mais chacun a sa propre beauté.
Durant la petite heure de promenade quotidienne que le gouvernement nous octroie généreusement, je suis sortie avec panier, couteau et appareil photo.
Et j’ai fait provision d’air et de lumière, de sons et de senteurs, de beauté brute –je veux dire sans artifice–, autant de trésors qui nourrissent mes rêves et les contes que je vous dirai un jour.
Un jour prochain, j’espère.
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