Force et Joie. C’est ce que je vous souhaite pour l’année 2013.

Etre ouverts à la vie, tenir debout et avancer. Envers et contre tout.

L’hiver est là, comme tous les ans. Moins froid. Moins humide. Toujours sombre.
L’hiver aux longues nuits où je rêve d’hibernation.
Saison durant laquelle la nature est au repos.

Cette année, plus que les précédentes, j’ai vécu ces fêtes de fin d’année et leur préparation avec délice.
Est-ce d’avoir conté mille merveilles aux oreilles jeunes et vieilles ? De leur avoir chanté les nuits fleuries d’étoiles et la magie de la neige ? D’avoir vu le ravissement et entendu les rires des petits et des grands ? Oui, il y avait de cette joie donnée et partagée que procurent l’émerveillement et l’innocence retrouvée.

L’arbre de Noël a trouvé une place d’honneur dans ma maison. Une draperie blanche évoquait la neige absente, les boules rouges et dorées, les cheveux d’ange impalpables, une guirlande de minuscules étoiles dorées descendant en spirale dans les branches vertes et odorantes ont paré de lumière l’Arbre-Roi.
J’avais invité les animaux de la forêt et, dans la couronne de branchages ponctuée de pommes de pin qui entourait le pied du sapin, ont pris place le hérisson, l’écureuil et l’élan ; plus haut, dans les branches, la chouette veillait.

blog-130107-au-pied-de-larbre-de-noelQuelques veilleuses ont dansé une ronde lumineuse chaque soir depuis la Saint Nicolas jusqu’à ce lendemain d’Epiphanie.

Aujourd’hui est clos le temps des fêtes du solstice d’hiver. Traversés les douze jours magiques (et pleins de dangers, comme le sont tous les seuils réels et symboliques) entre Noël et l’Epiphanie, résumé dit-on de l’année à venir.
J’ai vécu le passage de 2012 à 2013 avec de bonnes fées. Nous sommes entrés dans la nouvelle année avec l’échange de nos vœux les uns pour les autres, et des attentions particulières pour chacun.

Que cela soit dans une fête illuminée et joyeuse, ou bien discrètement fondu dans une nature imperturbable, sous un ciel étoilé ou dans une forêt bruissante, qu’importe ? L’essentiel n’est-il pas d’être présent pour un à-venir, un inconnu à accueillir ?

Etre ouverts à la vie, tenir debout et avancer. Envers et contre tout.
Force et Joie. C’est ce que je vous souhaite pour l’année 2013.

En espérant vous revoir, ou vous rencontrer !

Pepito Mateo : la liberté dans le labyrinthe

C’est l’histoire d’un homme en gris dans un décor noir.

C’est l’histoire d’un homme en gris dans un décor noir.
Il vous salue et vous invite à écouter la dernière aventure qui lui est arrivée (enfin, peut-être).
La sienne, mais cela pourrait être la vôtre.

Capturés par les oreilles, vous vous laissez entraîner dans ce parcours labyrinthique où les contes s’enchaînent (se déchaînent, plutôt), s’enchevêtrent à un rythme soutenu, libérés sur les chemins de la fantaisie.
Pepito Mateo vous emmène dans un univers qu’il crée au fil (d’Ariane) des mots ravis où malice, humour et philosophie ricochent sur l’âpreté du quotidien, et dévoilent la poésie et la tendresse des jours ordinaires, même quand la vie ne vous fait pas de cadeau.

Il vous montre un chemin. Celui qu’il a trouvé et qu’il vous propose de mettre sous vos pieds le temps d’une soirée – ou plus : ayez une marche légère et ne vous chargez que de l’essentiel afin de ne pas vous perdre dans les méandres des jours.
Regardez, écoutez, sentez, goûtez, touchez. Créez. C’est simple, non ?

Enfin… ce soir, vous avez rencontré un enchanteur.

Monique et les Tsiganes

« Petite, allume un feu », de Martin Šmaus

Personnalité chaleureuse, voix enveloppante ou coupante aux accents rocailleux, mêlant français et romani, Monique Burg nous a déplacés dans un autre monde pendant une lecture de cinquante minutes.

En effet, jeudi 14 juin, à la Collégiale de Ribérac, Monique Burg, conteuse et comédienne, a lu des extraits du livre « Petite, allume un feu », de Martin Šmaus (Editions des Syrtes, 2009), roman pathétique sur la vie des Tsiganes lors de la 2ème guerre mondiale, en Tchécoslovaquie.
Mais est-ce vraiment un roman ? Un documentaire plutôt, serait-on tenté de penser. Ce texte nous remet mentalement en présence des images des films de Toni Gatlif et d’Emir Kusturica.

Fierté est sœur de pauvreté. La survie est une affaire de tous les instants puisque deux conceptions de société s’affrontent plus qu’elles ne coexistent : nomades et sédentaires.
Les codes si différents, voire opposés, entre les deux modes de vie, sont remarquablement mis en relief et éclairent bien des incompréhensions qui éloignent les uns des autres.

Cette lecture était particulièrement bienvenue à Ribérac où habitent des « gens du voyage », comme il est convenu de les appeler officiellement (comment les appellera-t-on lorsqu’ils seront sédentarisés ?).
A titre professionnel, je travaille avec des enfants et des mamans dans une école maternelle, des adolescents et des adultes dans une bibliothèque où ils viennent passer un moment sur internet.
« Avant », je ne les connaissais pas et j’étais, je crois, sans a priori sur eux. Au fil du temps, des relations se sont créées avec ceux que je rencontre.
Tout n’est pas simple pour autant. Et, s’il y a parfois des rappels faits aux adolescents à la bibliothèque (mais là, point n’est besoin d’être des « gens du voyage »), j’apprécie de pouvoir demander à un père des nouvelles de son épouse et de son bébé nouveau-né, de saluer ces personnes que je croise sur l’aire de jeux ou au supermarché, comme je le fais avec qui que ce soit d’autre.

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Par sa voix, la lectrice nous a fait entrer dans le « tragique » de ce peuple.
La lecture était suivie d’un moment convivial où nous avons pu échanger quelques mots.
Monique Burg est une femme généreuse et pudique, une Occitane flamboyante. Tout le sérieux de ce qu’elle dit se mesure à la distance qu’elle prend pour vous le dire. Je ne sais si la comédienne a choisi son texte ou si le texte a choisi la voix par laquelle il voulait être dit, mais ils ont été très applaudis l’un et l’autre.

Et puis, petit à petit, le public s’est dispersé dans le crépuscule estival.

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Note 1 : un beau livre : « Tsiganes et Gitans » de Hans Silvester et Jean-Paul Clébert, publié aux Editions de la Martinière en février 2011, nous fait découvrir un peu plus la vie de ce peuple multiple à des époques et en des lieux différents.

Note 2 : la Bibliothèque Départementale de Prêt de la Dordogne organise depuis dix ans des lectures publiques dans le cadre de ses « Etranges lectures », avec les bibliothèques de son réseau dans le département.
Le but est de faire découvrir des auteurs étrangers par la lecture d’extraits d’une œuvre traduite. La séance commence par la présentation de l’auteur par le traducteur du livre ou une personne connaissant le pays et sa culture. Puis vient la lecture d’un court extrait lu en langue originale suivie de la lecture d’extraits en français par un(e) comédien(n)e.
Et le tout se termine autour d’une dégustation proposant des spécialités du pays à l’honneur.

Extraits

Quelques nouvelles d’ici

Bonjour à vous,

Après avoir passé du temps le mois dernier à la mise en forme de nouvelles animations, j’ai trié et sélectionné des enregistrements de lectures et de poèmes dont je vous propose d’écouter des extraits sur la page de mon site réservée à cet effet.

Si vous souhaitez en écouter davantage, vous le pourrez en vous rendant à l’adresse http://soundcloud.com/beatricebecquet
Vous y trouverez des extraits de lectures de romans ou de textes de:

– Albert Camus (Noces à Tipasa (2 extraits) ; Les amandiers ; Le vent à Djemila)
– Inoue Yasushi (« Le Loup bleu » : Börte ; Qulan ; La prise de Boukhara)
– Eugène Le Roy (« L’Ennemi de la mort » : Scène de labour dans la forêt de la Double ; La vaccination collective)
– Léonce de Larmandie (« La Chevauchée de la chimère » : Les feux de la Saint-Jean ; Le puits de la cuisine ; La cueillette des champignons)

et des poèmes de :

– Bernard Lesfargues (certains de ceux du CD « Poèmas » ré-enregistrés)
– Anne Chadelat (extraits de « La Coupe bleue » : Sais-tu l’Aimant ; La tendresse s’invite ; Mon corps se fait nuit ; Prince)

D’autres projets d’enregistrement sont en cours…
Peut-être partagerons-nous un jour le plaisir d’une lecture, d’un conte, ou d’une rencontre poétique?
A bientôt!

« Froid polaire »… disent-ils

Ne laissons pas le froid geler notre parole.

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 Le deuxième mois de l’année commence et nous amène ce froid qui gèle les paroles dans l’haleine exhalée.
Premier grand froid d’un hiver qui ne se montrait pas encore.

Préparant une rencontre sur le thème des contes inuit, j’avais justement la possibilité de découvrir « Nanouk l’Esquimau », le film de Robert Flaherty (1922) et « La saga des Inuit » de Jean Malaurie, quatre films de 52 minutes réalisés à partir des 10 films de Jean Malaurie, suivis d’un passionnant entretien-portrait de l’auteur (coffret DVD INA, Paris, 2007).
Je regardais avec attention et émotion ces films qui sont déjà des témoignages historiques de la vie passée d’un peuple pour lequel j’ai une grande admiration.
« Atanarjuat » de Zacharias Kunuk, avait déjà suscité mon intérêt lors de sa sortie en 2002. Il était le premier long métrage à avoir été écrit, réalisé et joué entièrement en inuktikut, la langue des Inuit du Canada, et les suppléments qui accompagnent le film permettent de comprendre les codes et les rituels de la vie de ce peuple.

En quelques décennies, les conditions d’existence des Inuit ont été radicalement modifiées par l’exploitation industrielle et l’extraction pétrolière, ils ont été spoliés de leurs territoires et contraints de s’adapter à un mode de vie destructeur de leurs valeurs et leur robustesse.
J’avais la sensation d’un gâchis irrémédiable en regardant ces images, témoignage du génie de ces hommes pour vivre dans des conditions extrêmes. Témoignage de leur adaptabilité, leur résistance, leur philosophie… et leur humour. Il y avait du rire dans leurs yeux, et des jeux dans leur vie.

Une parole de Jean Malaurie m’a frappée par sa précision lapidaire et respectueuse lorsqu’il dit d’eux : « C’est Lascaux vivant. »
Merci, Monsieur Malaurie, de nous rappeler cette réalité : les habitants des grottes de Lascaux n’étaient sans doute pas des sauvages sans foi ni loi, comme on nous l’a fait croire si longtemps.
Les savants qui étudient cette période de notre histoire le répètent au fil de leurs découvertes, mais il est difficile de contrecarrer des idées reçues.

Nous sommes nombreux à être devenus sensibles à la cause des Inuit qui subissent ce triste sort au nom du progrès, et plusieurs conteurs à proposer des spectacles reprenant les contes et les mythologies des Inuit.
Nous avons la possibilité de pouvoir transmettre – à notre échelle et avec nos moyens, là où nous sommes – ces épopées, ces légendes, mémoire ancestrale de l’humanité.

Quelle responsabilité et quel honneur ! Ne laissons pas le froid geler notre parole.
Qu’elle soit juste, entendue, et portée plus loin encore par vous qui l’entendez.

2012 : l’année nouvelle est arrivée

Donner sa chance à l’inconnu, à l’inespéré.

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A pas feutrés, aux premières heures du Jour de l’An, dans l’ombre de la nuit, nous sommes cinq pour fêter sa venue. Heureux autour d’un repas simple et raffiné. Rires, lumières, chants.
Amis nouveaux, humour anglais (délicieux antidépresseur si jamais vous vous sentez d’humeur chagrine), harmonie.

Le quotidien est là, tenu à distance pour quelques heures, car c’est un cycle nouveau que l’on accueille cette nuit, ensemble. Nul ne sait de quoi il sera fait, ou si peu. On se séparera après l’échange des vœux, la prise de résolutions diverses, éphémères ou durables. Et l’avenir dira la suite.
Mais au fond, le défi n’est-il pas d’ouvrir la porte à l’inconnu, de donner sa chance d’être au renouvellement, d’expérimenter sincèrement le déplacement de son propre point de vue pour en connaître un autre ?

Oui, donner sa chance à l’inconnu, à l’inespéré. Croire qu’il peut nous arriver mieux que ce que nous n’avons jamais osé imaginer. Savoir reconnaître la chance, même lorsqu’elle se manifeste sous des traits inattendus.

Le jour se lève sous un ciel océanique que peignent les doigts effilés des arbres noirs, un ciel chargé de pluie et de vent.

Je remercie mes hôtes ouvreurs de temps et je reprends ma route. Elle traverse un paysage bocager d’un vert cru.