Monique et les Tsiganes

« Petite, allume un feu », de Martin Šmaus

Personnalité chaleureuse, voix enveloppante ou coupante aux accents rocailleux, mêlant français et romani, Monique Burg nous a déplacés dans un autre monde pendant une lecture de cinquante minutes.

En effet, jeudi 14 juin, à la Collégiale de Ribérac, Monique Burg, conteuse et comédienne, a lu des extraits du livre « Petite, allume un feu », de Martin Šmaus (Editions des Syrtes, 2009), roman pathétique sur la vie des Tsiganes lors de la 2ème guerre mondiale, en Tchécoslovaquie.
Mais est-ce vraiment un roman ? Un documentaire plutôt, serait-on tenté de penser. Ce texte nous remet mentalement en présence des images des films de Toni Gatlif et d’Emir Kusturica.

Fierté est sœur de pauvreté. La survie est une affaire de tous les instants puisque deux conceptions de société s’affrontent plus qu’elles ne coexistent : nomades et sédentaires.
Les codes si différents, voire opposés, entre les deux modes de vie, sont remarquablement mis en relief et éclairent bien des incompréhensions qui éloignent les uns des autres.

Cette lecture était particulièrement bienvenue à Ribérac où habitent des « gens du voyage », comme il est convenu de les appeler officiellement (comment les appellera-t-on lorsqu’ils seront sédentarisés ?).
A titre professionnel, je travaille avec des enfants et des mamans dans une école maternelle, des adolescents et des adultes dans une bibliothèque où ils viennent passer un moment sur internet.
« Avant », je ne les connaissais pas et j’étais, je crois, sans a priori sur eux. Au fil du temps, des relations se sont créées avec ceux que je rencontre.
Tout n’est pas simple pour autant. Et, s’il y a parfois des rappels faits aux adolescents à la bibliothèque (mais là, point n’est besoin d’être des « gens du voyage »), j’apprécie de pouvoir demander à un père des nouvelles de son épouse et de son bébé nouveau-né, de saluer ces personnes que je croise sur l’aire de jeux ou au supermarché, comme je le fais avec qui que ce soit d’autre.

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Par sa voix, la lectrice nous a fait entrer dans le « tragique » de ce peuple.
La lecture était suivie d’un moment convivial où nous avons pu échanger quelques mots.
Monique Burg est une femme généreuse et pudique, une Occitane flamboyante. Tout le sérieux de ce qu’elle dit se mesure à la distance qu’elle prend pour vous le dire. Je ne sais si la comédienne a choisi son texte ou si le texte a choisi la voix par laquelle il voulait être dit, mais ils ont été très applaudis l’un et l’autre.

Et puis, petit à petit, le public s’est dispersé dans le crépuscule estival.

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Note 1 : un beau livre : « Tsiganes et Gitans » de Hans Silvester et Jean-Paul Clébert, publié aux Editions de la Martinière en février 2011, nous fait découvrir un peu plus la vie de ce peuple multiple à des époques et en des lieux différents.

Note 2 : la Bibliothèque Départementale de Prêt de la Dordogne organise depuis dix ans des lectures publiques dans le cadre de ses « Etranges lectures », avec les bibliothèques de son réseau dans le département.
Le but est de faire découvrir des auteurs étrangers par la lecture d’extraits d’une œuvre traduite. La séance commence par la présentation de l’auteur par le traducteur du livre ou une personne connaissant le pays et sa culture. Puis vient la lecture d’un court extrait lu en langue originale suivie de la lecture d’extraits en français par un(e) comédien(n)e.
Et le tout se termine autour d’une dégustation proposant des spécialités du pays à l’honneur.

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