Mercredi 19 et jeudi 20, Jihad Darwiche donnait deux contées à Bordeaux.
La première à la bibliothèque Saint-Michel, la seconde à la bibliothèque de Bordeaux-Lac.
Deux lieux, deux ambiances différentes. Deux auditoires également séduits par des contes orientaux en cascade où se succèdent des héros pris dans des aventures rocambolesques.
Le public rit, applaudit et participe activement lorsque le conteur le sollicite.
Enfants et parents se prennent au jeu, parce qu’à ce jeu-là nous avons tous le même âge.
Sans doute est-ce la magie du conte. Et du conteur.
Ni décor, ni accessoire. Tout en présence : le regard et le geste précis, une narration enlevée, et de l’humour toujours.
Parents et enfants ont quitté les bibliothèques sans empressement, sous le charme de mondes qui étaient devenus palpables une heure durant.
Moi aussi j’ai cru à toute cette magie. En fait, j’y crois tout le temps. Ce monde existe. Il faut juste accepter de lui redonner sa place.
Et en plus j’ai appris. Parce qu’il n’y a pas de meilleure école que d’aller observer ses aînés dans le métier pour trouver sa voie – sa voix ?
Sans doute, une réminiscence d’expériences antérieures.
Samedi 15 février, l’association « La Double en Périgord » a fêté la Saint-Valentin à la Ferme du Parcot, entre bois, étangs et prés.
J’ai été invitée à conter dans le cantou des contes et légendes ayant pour thème l’amour et la nature.
Mon choix s’est porté sur des contes où la nature est la meilleure alliée des amoureux.
Les amoureux légendaires doivent généralement lutter contre des ennemis tenaces – souvent leurs congénères, mais quelquefois… eux-mêmes – avant d’être enfin réunis.
Leur triomphe vient couronner la fin de leurs épreuves, sauf s’il s’agit d’une tragédie.
Leur victoire signe la métamorphose que l’amour a opérée en eux.
Parfois aussi, ils vivent simplement, avec la sagesse pour guide, comme Philémon et Baucis. Le cœur ouvert sur le monde. Pauvres et généreux.
La vie harmonieuse au cœur de la nature est toujours la marque de la justesse de leurs actes. Les éléments aident princes et paysannes dans la réalisation de leur amour, les forces divines favorisent le passage simultané dans l’éternité de ce vieux couple qui émeut tant l’auditoire à chaque contée.
En effet, n’espérons-nous pas, dans le secret de notre cœur, trouver l’unité irréductible qui est le sceau de l’immortalité ?
Après la contée, le public a partagé ses impressions dans un moment de convivialité qui proposait une transition joyeuse avant de se disperser dans la nuit pluvieuse.
Les veilleuses éclairaient encore le sentier, lucioles vacillantes sous le vent.
La ferme du Parcot : http://parcot.pagesperso-orange.fr/
« … Une sirène dans mon jardin. Il pleut tellement qu’elle s’y trouverait à l’aise ! »
C’est ce que me dit une amie au téléphone ! Elle est dotée d’un humour solide et déjà je l’imagine nez à nez avec une sirène.
À ce moment-là, je reviens de Loches où j’ai été invitée à conter « Sirènes et Dragons » à la Médiathèque Jacques Lanzmann, dans le cadre de la saison culturelle dédiée aux quatre éléments pour parler du peuple de l’eau, de ces êtres fantastiques si nombreux qui habitent les lieux humides.
C’est devant un auditoire attentif d’adultes et d’enfants que j’ai évoqué ces figures légendaires.
Le Drac et le Basilic sont terrifiants. Ils hantent respectivement les fleuves et les puits et leurs victimes ont un sort cruel.
Le Dragon, bienveillant, ramène la pluie et la vie reprend son cours harmonieux.
Lorelei, femme abandonnée, attend sur son rocher le retour de son bien-aimé en lissant ses cheveux de soleil avec un peigne d’or. Son chant perd les hommes qui l’entendent. De là à en faire une sorcière, il n’y avait pas qu’un pas, qui fut franchi. Le poème de Guillaume Apollinaire retrace l’histoire tragique de cette femme légendaire.
La Vouivre de la source du Doubs est tuée par cupidité. A-t-elle un diamant ou une escarboucle sur le front ? J’ai opté pour un diamant rouge, et j’ai découvert ensuite que le diamant rouge existe vraiment !
La Sirène de la Fresnaye, cette belle au chant si doux dont la générosité sauve une famille de la misère, connaît un sort meilleur.
Cette légende termine la contée sur une note claire.
Je glisse, l’air de rien, qu’à la collégiale Saint-Ours de Loches, une sirène et un drac s’affrontent à l’angle d’un chapiteau, et que deux autres sont sculptés dans les voussures du portail, à la surprise de l’auditoire. Certainement, la Sirène de la Fresnaye a-t-elle voyagé plus qu’on ne le pense.
Comment résister à la tentation de proposer ces petits clins d’œil qui nous rappellent que nos ancêtres se déplaçaient déjà beaucoup et vivaient entourés d’êtres étranges qui leur parlaient d’autres langages. Et que tous ces témoignages nous entourent. Pour notre plus grand bonheur.
Aujourd’hui, voici la mise en ligne sur youtube d’une première vidéo de 4 minutes :
Il s’agit d’une lecture de la Onzième nouvelle tirée de l’Heptaméron de Marguerite de Navarre.
Prochainement, une autre vidéo sera disponible. Elle montrera une adaptation de Bisclavret , qui est un lai de Marie de France.
Ces deux lectures sont proposées au chapitre du site : Animations / Lais et poésie.
Je remercie Matthieu Tardif d’en avoir assuré le tournage à la fin de l’année 2013 dans l’église romane de Saint-Vincent-Jalmoutiers, en Dordogne, puis le montage et la publication sur internet.
Eglise romane de Saint-Vincent-Jalmoutiers
peinture murale du choeur
Je remercie aussi Monsieur le Maire de Saint-Vincent-Jalmoutiers et Monsieur le Curé de cette paroisse de m’avoir autorisée à lire dans ce lieu que j’aime pour son atmosphère harmonieuse.
Changer le monde… ou changer son rapport au monde ? Question d’appréciation.
Il est toujours possible d’améliorer les conditions dans lesquelles nous vivons. Au moins d’essayer.
Nous savons aussi que, dans certains domaines, nous sommes impuissants pour changer le monde. Aussi nous faut-il composer avec ces limitations individuelles et collectives.
Mais qui peut nous empêcher de rentrer dans notre monde intérieur ? Ou de nous projeter dans un monde où l’imagination nous permet des voyages, des exploits, des découvertes ? Un monde où nous revenons vers une source connue depuis l’enfance voire plus, et parfois oubliée dans le tumulte de la vie.
Mettre sa créativité en œuvre, se découvrir capable de dépasser ce que l’on croyait être ses limites, s’inventer et grandir…
La première condition est d’en avoir le désir. La deuxième est d’accepter de prendre le temps nécessaire pour y accéder. La troisième est de dépasser ses propres peurs et de se laisser aller avec confiance sur ces flots – paisibles ou tumultueux – qui ne nous sont pas forcément familiers.
Bref, il ne faut pas vouloir maîtriser l’embarcation mais au contraire être confiant en sa capacité à vivre des situations inconnues, parfois périlleuses.
C’est ce que j’ai expérimenté avec la pratique des contes. Les lisant et les disant, je me suis vite aperçue qu’ils étaient des compagnons de route magnifiques.
Je précise tout de suite que je parle des contes… Pas des histoires aseptisées et reconstruites par l’industrie du divertissement qui sont aux contes ce que le fast food est la gastronomie diététique (ceci n’est pas un oxymore).
Je parle des contes qui font plonger dans des univers inédits, des contes qui proposent des clés pour mener à bien sa vie à travers les péripéties que traversent les héros, des contes qui allient malice et sagesse, humour et noblesse de cœur, monde merveilleux et poésie de la simplicité, justice et cruauté (là, pas de politiquement correct ) .
Avec l’air de ne pas y toucher, ces contes-là nourrissent, amènent à une réflexion, insinuent que l’on peut gagner au jeu de la vie même avec des cartes apparemment mauvaises.
Les contes seraient-ils subversifs ? Qui sait ? Tentez l’expérience. Si vous n’avez pas de livres de contes chez vous, entrez dans une bibliothèque. A l’espace jeunesse (vous ne serez pas ridicule) ou à l’espace adulte, vous trouverez sans doute celui qui est pour vous. Comment le reconnaître ? Votre main va se poser sur le livre toute seule.
Que l’année 2014 soit le début de votre nouvelle vie.
*"Soleil bleu" et "Serpent enroulé" sont deux broderies faites par des brodeuses afghanes du village de Laghmani, à 70km au nord de Kaboul.
Elles ont entre 12 et 50 ans. Les plus âgées ont appris à broder dans leur enfance mais la majorité d'entre elles ne brodaient plus depuis 20 ans. Les jeunes filles apprennent à broder dans le cadre du projet "Carrés brodés". Tous les carrés leur sont payés. C'est la DAI (l'association Deutsch-Afghanische Initiative e.V , de Fribourg en Allemagne) qui prend le risque éventuel de ne pas pouvoir les écouler en Europe.
Les brodeuses ont pour seule contrainte de broder sur un carré de 8cm de côté. Les fils et les tissus leur sont fournis. Elles sont totalement libres de composer leurs propres motifs qui reprennent le plus souvent des motifs traditionnels comme ceux graphiques et fins de la broderie de Kandahar, ou ceux floraux et très colorés des tentures suzani. Certaines improvisent des motifs très personnels où le carré est une véritable composition artistique.
La pierre d'angle du concept repose sur l'idée selon laquelle, si la broderie est en elle-même achevée, il est encore nécessaire qu'une autre personne européenne y pose son regard et se mette elle-même à l'ouvrage pour qu'avec ses goûts et sa technique personnelle (patchwork, confection, broderie...) elle réalise autour de ce carré brodé un objet accompli combinant deux techniques et permettant à deux cultures de se rejoindre.
Pour des renseignements complémentaires, il est possible de se rendre sur le site de l'association Deutsch-Afghanische Initiative e.V et de contacter Pascale Goldenberg qui est à l'origine du projet :
site de l'association : www.deutsch-afghanische-initiative.de
organisation : goldenberg-freiburg@t-online.de
Invité dans le cadre du Festival du Conte en Périgord noir « Le Lébérou » Gérard Potier, est venu présenter son dernier spectacle « Mildiou, l’enfant du champ de patates » devant un public nombreux et séduit.
Mildiou, l’enfant du champ de patates est un conte initiatique qui parle de la préférence familiale et de la place dans la fratrie. (…) Chacun a droit à une place mais nous ne sommes pas tous égaux dans cette quête. Cette histoire imaginaire écrite par Gérard Potier et mise en musique par Gérard Baraton parle du « grandir » et des épreuves que l’on doit traverser pour y parvenir. (…)
Dans ce voyage fantastique et plein de surprises Mildiou finira par trouver sa place dans ce grand champ d’amour qu’est la famille.
C’est un fait, Mildiou arrive dans un monde qui a commencé avant lui. Il n’étonne personne. Pour lui, faire sa place est une occupation nécessaire et à temps plein.
Gérard Potier nous amène dans cette quête et le questionnement de l’enfant par des chemins tortueux, douloureux, et lumineux aussi.
La mise en scène est originale, onirique. Elle convoque la féérie des éléments, la lumière, et la magie d’un accordéon qui se glisse dans le conte comme la voix intérieure de Mildiou. Il y a une complicité certaine entre Gérard Potier et Gérard Baraton, l’accordéoniste qui « dit » en musique.
Une belle soirée où la tendresse avait ses entrées dans le cœur de chacun pour réparer les bleus de l’enfance.
Dimanche encore, les grues ont traversé le ciel en grands V mouvants. Leur cri, si caractéristique, les annonce de loin et les suit bien après leur passage. Dès que je les entends, je les cherche dans le ciel. Mais la nuit, je ne peux que les écouter.
Les grues, ces voyageuses élégantes, m’émeuvent à l’automne lorsqu’elles volent vers un sud au climat plus doux, et lorsqu’à la fin de l’hiver elles repartent vers le nord, annonciatrices du printemps.
Les plus belles légendes nous disent que ce sont des femmes ensorcelées et bienveillantes qui secourent des hommes égarés dans une vie sans horizon.
Aujourd’hui, le givre est venu étoiler les vitres, poudrer de lumière les arbres de la forêt et franger d’aiguilles scintillantes les dernières feuilles craquantes des bouleaux.
L’herbe crisse sous les pas, l’étang fume, les pins sont bleus de froid et les petites feuilles dorées des chênes tombent en papillonnant, bruissantes dans le silence de ce matin.
Les mésanges charbonnières s’affairent, parfois quelques bulles éclatent à la surface de l’eau. Le héron cendré n’est pas encore là.
Les animaux ont retrouvé leur paradis.
Le soleil monte dans un ciel de cristal et lève le voile impalpable que la nuit a déposé sur la nature. Éphémère beauté.
Qui a peur des fantômes, des araignées, des chauves-souris, et des hiboux ?
Qui dépose la lumière dans des citrouilles grimaçantes et des châteaux branlants ?
Le mercredi 30 octobre après-midi, au cours de l’atelier décoration-loisirs créatifs qui se tiendra au Centre Culturel de Ribérac de 14h à 16h, je proposerai aux petits et aux grands de venir conjurer la peur de l’ombre et de l’inconnu en fabriquant ces petits riens qui nous amusent.
Il est nécessaire d’amener son matériel : pots de verre, papier, pinceaux, peinture, citrouilles et outils appropriés pour les plus grands.
Et le soir-même, chacun pourra mettre sa création dans la ronde de la fête !
Hou hou hou !
Qui n’a entendu parler des vertus des fruits et des légumes (cinq par jour, vous connaissez la publicité) ?
Aujourd’hui, ce sont petits et grands qui sont venus écouter deux contes où les fruits ont des effets secondaires avérés et bénéfiques sur la vie des héros :
L’amour des trois oranges
Dans ce conte occitan (catalan, provençal) c’est auprès d’une fontaine d’eau claire qu’un jeune prince parti à la recherche de l’amour des trois oranges trouvera sa belle et qu’ensemble ils traceront le chemin de leur vie.
La mystérieuse parole, lancée par une vieille servante comme une imprécation de sorcière, a sorti le jeune homme de l’enfance et l’a conduit vers l’âge d’homme.
Les Jardins de la Fille-Roi
(d’après Luda Schniztler)
Dans ce conte, venu des montagnes sauvages du Caucase septentrional, trois fils de roi veulent guérir leur père vieillissant et accablé de tous les maux de la Terre.
Le seul remède efficace est inatteignable ! Sauf pour le benjamin, bienveillant et futé qui, grâce aux conseils avisés d’un vieux sage, trouvera ce qui est nécessaire pour apaiser le passé et bondir vers son avenir.
Sagesse, bonté, coopération, intelligence, humour et amour semblent être les mots d’une formule magique qui propulsent les héros dans les aventures de leur propre vie dont ils sortent victorieux.
Mais, à propos, s’il en était de même pour chacun de nous ?
» Tous n’ont pas pu venir, mais beaucoup se sont réunis. Là, sur la place du village, un cercle de caravanes, tentes, yourtes, roulottes, tipis et cabanes. Au milieu brille un feu ardent. Les oriflammes claquent au vent, les totems sont fièrement dressés.
À la nuit tombée, sous la grande tente blanche, « ils » prennent place : chefs de clans et chefs de tribus. Ils sont accompagnés de leurs conseillers et de leurs familles. Mirta la Reine des Tziganes, ouvre Le Grand Conseil des Peuples Nomades avec le bâton de parole qui lui est remis. Puis le bâton de parole est transmis à Usaqi le Yakoute, Naïma la Touareg, Ooota l’Aborigène d’Australie, Tuya la Mongole, et Hibou Bizarre le Sioux. Dans leurs plus belles tenues, ils sont venus dire leur vision du monde, retisser les fils élimés de la sagesse et broder des chants d’espérance. »
Invitée à venir conter à « Toits d’étoiles », 1er festival des Arts Nomades organisé par le café associatif de Léguillac-de-Cercles (Dordogne) et l’association « Lézidéfuz », j’ai eu le plaisir de partager un moment chaleureux avec un public nombreux.
Dans ce petit village de trois cents habitants du Périgord Vert, perché sur une colline entre champs et forêt, il soufflait un vent de grâce ce week-end. Celui qui chasse les nuages d’une actualité fétide, et nous laisse rêver devant l’immensité d’un ciel piqué d’étoiles.