« … Une sirène dans mon jardin. Il pleut tellement qu’elle s’y trouverait à l’aise ! »
C’est ce que me dit une amie au téléphone ! Elle est dotée d’un humour solide et déjà je l’imagine nez à nez avec une sirène.
À ce moment-là, je reviens de Loches où j’ai été invitée à conter « Sirènes et Dragons » à la Médiathèque Jacques Lanzmann, dans le cadre de la saison culturelle dédiée aux quatre éléments pour parler du peuple de l’eau, de ces êtres fantastiques si nombreux qui habitent les lieux humides.
C’est devant un auditoire attentif d’adultes et d’enfants que j’ai évoqué ces figures légendaires.
Le Drac et le Basilic sont terrifiants. Ils hantent respectivement les fleuves et les puits et leurs victimes ont un sort cruel.
Le Dragon, bienveillant, ramène la pluie et la vie reprend son cours harmonieux.
Lorelei, femme abandonnée, attend sur son rocher le retour de son bien-aimé en lissant ses cheveux de soleil avec un peigne d’or. Son chant perd les hommes qui l’entendent. De là à en faire une sorcière, il n’y avait pas qu’un pas, qui fut franchi. Le poème de Guillaume Apollinaire retrace l’histoire tragique de cette femme légendaire.
La Vouivre de la source du Doubs est tuée par cupidité. A-t-elle un diamant ou une escarboucle sur le front ? J’ai opté pour un diamant rouge, et j’ai découvert ensuite que le diamant rouge existe vraiment !
La Sirène de la Fresnaye, cette belle au chant si doux dont la générosité sauve une famille de la misère, connaît un sort meilleur.
Cette légende termine la contée sur une note claire.
Je glisse, l’air de rien, qu’à la collégiale Saint-Ours de Loches, une sirène et un drac s’affrontent à l’angle d’un chapiteau, et que deux autres sont sculptés dans les voussures du portail, à la surprise de l’auditoire. Certainement, la Sirène de la Fresnaye a-t-elle voyagé plus qu’on ne le pense.
Comment résister à la tentation de proposer ces petits clins d’œil qui nous rappellent que nos ancêtres se déplaçaient déjà beaucoup et vivaient entourés d’êtres étranges qui leur parlaient d’autres langages. Et que tous ces témoignages nous entourent. Pour notre plus grand bonheur.