Le renouveau prend racine secrètement en nous bien longtemps avant que d’être visible.
Le printemps est arrivé sur le calendrier. L’est-il dans nos vies ?
Se défaire de ses mues est douloureux et la nouvelle peau semble si fragile !
La vitalité printanière, instable et brutale, est plutôt associée à des valeurs… valorisées : plus de lumière avec l’allongement des jours, plus de chaleur avec les températures que l’on espère plus douces, renaissance de la nature, etc.
Oui, il y a de tout cela. L’hibernation prend fin, et le réveil s’annonce dans bien des domaines.
L’hiver dernier a été pour moi un temps de réflexion, d’approfondissement, de travail. J’associe à cette saison une certaine idée du Japon, que j’ai intériorisée au fil des années et, généralement, je privilégie la lecture d’ouvrages ou le visionnage de films se rapportant à ce pays qui me tient tant à cœur.
Cette année, je ne sais quelle intuition m’a soufflé le nom de Lafcadio Hearn aux oreilles, avec tant d’insistance que j’ai décidé de partir sur cette piste.
La vie de cet homme, pour le moins originale, est courte et, curieusement, marquée par les îles de sa naissance à sa mort : Leucade, Irlande, Martinique, Japon.
Grèce et Japon sont chers à mon cœur depuis l’enfance. L’Irlande, nouvelle venue dans mon panthéon, a su se faire une belle place.
Et de ces quatre pôles, un seul m’était absolument inconnu : la Martinique. Ma curiosité n’en a été que plus aiguisée. Et c’est ainsi que je me suis lancée dans la lecture d’« Aux vents caraïbes », écrit entre 1889 et 1891.
Dans « Aux vents caraïbes » l’auteur présente chaque île des Antilles succinctement d’abord dans ce voyage qui le mène des États-Unis vers les tropiques. Puis, il s’installe à Saint-Pierre de la Martinique où il va séjourner deux ans comme correspondant du Harper’s Monthly, journal pour lequel il travaille.
Il décrit la vie des habitants, leurs coutumes, leurs travaux, leurs croyances avec précision, respect, humour. Oserai-je dire tendresse ? C’est ce que j’ai ressenti à la lecture de ces pages où il fait découvrir au lecteur les paysages marins, volcaniques et forestiers de l’île dans une promenade sensorielle intense.
Les dialogues en créole sont savoureux et les contes souvent cruels, comme la vie des Martiniquais dans ce Paradis infernal.
Sans doute n’était-ce qu’une première approche de l’œuvre de cet écrivain. J’attends de trouver ce qu’il a écrit sur le Japon.
En revanche, j’avais revu Kwaidan (film de Masaki Kobayashi, prix spécial du jury au festival de Cannes, 1965) avec plaisir il y a quelques années et le reverrai sous peu.
Sachant que Lafcadio Hearn était évoqué dans le premier tome de « Au temps de Botchan », de Jirô Taniguchi, j’ai lu cette BD.
Autre découverte. Je n’avais jamais lu cet auteur non plus. Et comme j’ai aimé son style, je viens de commencer « Le Sommet des dieux ». Très différent, et prenant. Mais c’est un autre sujet !
Aujourd’hui était le premier jour de printemps. Le renouveau prend racine secrètement en nous bien longtemps avant que d’être visible.