Le printemps revient. Peut-on y croire avec le froid, la pluie et la grisaille qui le masquent encore ?
Mes projets, élaborés à l’automne dernier, prennent corps malgré les aléas sanitaires qui perturbent encore beaucoup les activités dans lesquelles nous aimerions tant retrouver la liberté d’être ensemble, de créer, de découvrir, de jouer. Au cours des mois prochains, mes ateliers et mes contées alterneront dans différents secteurs (établissements scolaires, médiathèques, etc.).
Ils s’adresseront aux enfants, aux adolescents et aux adultes. Ils seront résolument tournés vers l’humour (pas l’ironie), la beauté (pas académique), la nature (que nous sommes aussi), la création (libre).
Tout un programme. Et comme chacun est concerné… chacun y est invité.
Linogravure que j’ai réalisée pour imager un haïku de Seiho Awano, haïkiste japonais qui vécut de 1899 à 1992 :
« Me lavant les cheveux je me lave le coeur »
En attendant le plaisir de vous revoir, je vous souhaite le meilleur. A bientôt.
La neige, encore, dans sa magie, signe l’hiver. Temps d’intériorité, de réflexion.
La neige, étendue dans les prés, offre de grandes pages blanches pour écrire la poésie de l’instant,
comme les logoneiges, forme poétique inventée par le poète belge Christian Dotremont au XXème s.
La neige conserve toutes les traces…
Mon logoneige aujourd’hui : « L’amour et la poésie seulement ».
On peut aussi écrire sa légende rêvée sans mots mais avec les bribes restantes du début du monde (pierres, bois, os, dents racontent à qui les écoute).
La neige est-elle froide, accueillante, moelleuse ou craquante, blanche ou colorée?
Me donnera-t-elle envie de rire du plaisir de la retrouver si près ? La neige, page blanche éphémère, nous invite à oser…
A oser écrire des mots secrets, A oser dessiner des figures inconnues, A oser nous imprimer, corps et âme, dans l’épaisseur de son mystère en abandonnant ce que nous connaissons de nous pour, fragiles et nus, jouer à la marelle sur la Voie lactée ou parcourir d’étranges contrées qu’aucun géographe n’a jamais cartographiées.
La neige crée un espace de liberté infini et dangereux, attirant ou repoussant, fascinant.
________________________________________________
Si vous aimez les pays froids et voulez découvrir leur paysages et leurs habitants, voici quelques références de livres que j’ai lus cet hiver et qui m’ont beaucoup appris sur les régions du Pôle Nord, leurs habitants, leur histoire (et leur préhistoire), leurs modes de vie. C’était un vrai voyage en dépit du confinement, des couvre-feu et autres autorisations de déplacement… avec la neige et le froid bien présents.
Des romans, des nouvelles, des contes, de la poésie et des BD : Paul-Emile Victor : Boréal Bérengère Cournut : De pierre et d’os Jack London : Croc-Blanc Jorn Riel : Le jour avant le lendemain ; Le Roi Oscar ; Le garçon qui voulait devenir humain; Le chant pour celui qui voulait vivre ; La chanson de mes pères ; Racontars arctiques ; Légendes finlandaises (Hatier) Thierry Lamy : Contes inuit en BD Judith Gueyfier : Léger comme un flocon (poésie inuktitut) Contes mansis des forêts de Sibérie occidentale : Quand la lune descendit sur terre Ecrivains yakoutes du XXème s. : Des nouvelles de la taïga
Des documentaires et des portfolios: Jean Malaurie : Les derniers rois de Thulé Vincent Munier : Arctique Françoise Pontault : les Inuit Collectif du Musée Branly : Upside Down Les Arctiques
Certains de ces documents m’appartiennent. J’ai pu en emprunter d’autres à la Médiathèque Départementale des Vosges et à la Bibliothèque Universitaire de Lorraine que je remercie. Sur internet, j’ai aussi trouvé des reportages passionnants sur le chant de gorge traditionnel des femmes inuit et sur Tanya Tagaq, chanteuse inuit qui reprend ce chant traditionnel en le modernisant à sa façon. Sa créativité est remarquable.
une feuille de noisetier que le vent a portée sur la lumière glacée.
Dans le pré, que de monde est passé ! Chevreuils et renards, pies et corbeaux, merles et passereaux, quelques traces de bottes et de luges…
Le jour s’enfuit sans bruit bleuissant le pré Le soleil pour aujourd’hui n’a pas dit son dernier mot Ma surprise est joie de découvrir que le saule aux pieds dans l’eau porte sur ses rameaux des bourgeons duveteux d’argent qui annoncent le printemps.
Cette année, Sélestat choisit de fêter Noël et le Nouvel An en rappelant qu’en 1521, il y a 500 ans exactement, est apparue dans un registre des comptes de la ville de Sélestat, la première mention de ce qui allait devenir notre arbre de Noël. Il y est question de payer « des gardes forestiers chargés de surveiller les arbres dans les forêts municipales le jour de la Saint-Thomas… et d’une amende infligée à quiconque coupera les-dits sapins ! «
La situation sanitaire ne permettant pas des festivités publiques « en présentiel », j’ai été amenée, avec les autres artistes qui participaient à ces festivités, à enregistrer des contes de Noël qui ont été diffusés sur la page facebook de la Ville durant tout le mois de décembre.
J’ai voulu partager avec le public sélestadien, et plus lointain peut-être, des paroles de réconfort et de lumière. Aussi parmi les contes que je dis lors de mes contées d’Avent et d’hiver, j’ai choisi :
« La petite étoile de la forêt », un conte traditionnel du Moyen-Orient que j’ai adapté et imagé pour le dire en kamishibai.
« Saint Nicolas, cette nuit-là », l’adaptation que j’ai faite de la légende du saint si vénéré dans l’Est et dans le Nord de l’Europe. Les origines de ce personnage emblématique des fêtes de l’hiver a des origines surprenantes et fort lointaines.
Deux saisons plus tard, nous voilà à nouveau confinés ! À peine avons-nous pris un élan qui nous projetait hors des limites imposées que nous sommes sommés de rentrer au plus vite dans nos foyers pour cause de virus virulent, voyageur et variant.
Contre mauvaise fortune, j’essaie de tirer parti de cette situation. Je
suis moins enthousiaste qu’au printemps mais il n’est pas question de me
laisser aller.
Animations et spectacles sont à nouveau reportés au printemps prochain, dans le meilleur des cas : heureusement l’« année deux mille vain » tire à sa fin ! On aura fait le tour du cadran sans s’en apercevoir -ou presque- et on attend avec impatience qu’arrive celle qui suit, en la souhaitant meilleure. Trouver sa liberté dans une situation d’enfermement est un exercice à tenter. J’essaie mais ne suis pas sûre d’y arriver.
D’abord, l’automne n’est pas porteur des mêmes énergies que le printemps.
Ensuite, si nous avions confiance dans les effets positifs du 1er
confinement, le 2nd nous dit que rien n’est gagné et que les efforts
doivent être plus soutenus et sur une durée plus longue qu’on ne l’avait cru.
Les chiffres égrenés chaque jour pour nous annoncer les morts et les contaminés dans le monde pèsent chaque jour davantage sur nos épaules. Parcourir les rues désertes des villes est triste, les rares passants masqués s’évitent, et les premières décorations lumineuses des fêtes de fin d’année ajoutent une touche ironique à cette ambiance désaxée.
Désaxée… C’est le mot. Retrouver notre axe. L’axe du monde. Les Yakoutes le symbolisent par le bouleau.
Arbre immense, dressé vers le ciel, le bouleau leur donne leur orient. Qu’avons-nous fait du nôtre ?
Vivant loin des villes, j’ai la chance de pouvoir être très vite dans la nature. Là les bouleaux sont dorés, les hêtres roux, et les premières gelées bleuissent les prés. Les champignons aux couleurs discrètes ou éclatantes sont autant de trésors à découvrir sous les feuilles ou dans les mousses.
Tous ne sont pas comestibles mais chacun a sa propre beauté.
Durant la petite heure de promenade quotidienne que le gouvernement
nous octroie généreusement, je suis sortie avec panier, couteau et appareil
photo.
Et j’ai fait provision d’air et de lumière, de sons et de senteurs, de beauté brute –je veux dire sans artifice–, autant de trésors qui nourrissent mes rêves et les contes que je vous dirai un jour. Un jour prochain, j’espère.
Le jour J est arrivé : les spectacles ont été maintenus. La fête ! Le bonheur de retrouver les enfants pour leur conter ces légendes de tous les continents. Oui, tous les continents possèdent des mythologies, des légendes et des contes à propos des cucurbitacées (les enfants ont adoré ce mot). Il y a beaucoup à dire sur ce thème. L’histoire de Cendrillon comme nous la connaissons et les citrouilles d’Halloween n’en sont qu’une petite partie rendue très visible dont je n’ai pas parlé. Il y en a tant d’autres !
Les spectacles ont donc eu lieu pour des classes du Bassin de Pont-à-Mousson, en collaboration avec les médiathèques de ces communes. Comme à chaque fois que je m’y déplace, l’accueil y est chaleureux et enthousiaste. Et pour moi, c’est un plaisir de retrouver ces personnes que je remercie.
Je contais le matin pour une classe de CP-CE1 à Jézainville.
Et l’après-midi, je contais pour une classe de CM1 à Loisy.
Merci encore à toutes les personnes qui ont fait en sorte que les spectacles et les animations soient possibles. Cette énergie nous permet de vivre et de partager des moments précieux dont une calamité pesante nous prive depuis des mois. Si les circonstances le permettent je reviendrai dans le Bassin de Pont-à-Mousson au mois de novembre. Et je m’en réjouis déjà !
Toujours se tourner du côté de ce qui fait du bien ! Pour moi, c’est encore le temps des balades et de l’observation de la nature. Elle change. La sécheresse et la chaleur l’ont faite jaunir prématurément, tout souffre. S’attrister de cet état de fait ne sera plus suffisant. Mais se réjouir de ce qui est beau reste important. Question de regard.
Une abeille butine dans un épi de salicaire.
Une autre sur une fleur de tournesol.
Comme beaucoup d’entre nous, je prépare l’année scolaire à venir dans l’incertitude la plus grande. Les animations et les spectacles reprogrammés du printemps à l’automne seront-ils maintenus ? Et après ? Au printemps, je devais présenter mon spectacle « Tom au jardin », mais en automne, c’est de citrouilles qu’il sera question avec « Melons, citrouilles et potirons ».
Mes deux citrouilles en papier mâché sont en cours de fabrication. La plus grosse demande davantage de travail. Et voilà le résultat :
Elle est presque à l’état brut. Les leds placés dedans me permettent d’en tester la luminosité.
La plus petite est terminée.
Avec le décor, tout est prêt pour le jour J.
Alors, je vous dis « à bientôt » pour la suite des aventures.
Août est un temps de travail où je privilégie le moment pour être à l’extérieur et j’en profite pour prendre quelques photos de ce qui m’entoure. C’est une façon de mémoriser des détails infimes qui figureront dans les peintures de mes décors et de mes planches pour le kamishibai. En voici quelques unes.
Une argiope frelon dans sa toile au petit matin.
Une sauterelle verte dans l’ombelle d’une carotte sauvage.
Une fleur blanche de liseron et le jeu d’ombre et de lumière.
Un lupin dans la gloire de sa floraison…
Et sa voisine, la mauve, tout en harmonie colorée.
Cette période a été l’occasion d’essayer la fabrication de papier artisanal. Comme pour l’impression végétale, une idée en appelle une autre et le temps passe beaucoup trop vite.
Voici une feuille de papier étendue pour sécher. J’y ai fait une inclusion de pétales séchés et des tiges de graminées pressées sur la surface humide y dessinent des lignes en creux.
Après ce mois d’été inscrit dans l’expérimentation, la réflexion et la contemplation, on sent poindre la rentrée…
Le temps s’y prête ! Sortir, humer l’air, se laisser effleurer par la brise et le soleil, herboriser. Cueillir le millepertuis pour les teintures textiles, la mauve pour les infusions, l’ortie pour la cuisine… autant d’activités qui demandent du temps et me permettent d’être attentive à toute la vie qui m’environne.
Là est mon vivier de sensations, celui qui nourrit mes contées : les feuillages d’ombre et de lumière, la brise et les chants d’oiseaux auxquels se mêlent le carillon de l’angélus ou le bruit d’un moteur, les senteurs de sous-bois où des formes étranges se dressent muettes et immobiles, la saveur d’une fraise des bois ou d’une framboise sauvage, la souplesse d’une mousse verte épaisse et la rugosité de l’écorce d’un vieux chêne.
C’est là aussi que je trouve, chemin faisant, des plantes, des herbes et des fleurs avec lesquelles je renouvelle mes expériences de tataki zome. Voici deux torchons imprimés avec des végétaux locaux et une expérience réalisée avec une rose.
J’ai nommé ce torchon « En bas du pré » parce que les 3 végétaux se trouvaient dans ce lieu.
Ce torchon s’appelle « Près du ruisseau », pour la même raison.
Les feuilles d’aulne sont particulièrement intéressantes pour cette technique d’impression.
Ici, une rose… avant son passage dans le fixateur.
J’ai d’autres idées d’impressions textiles en cours. Mais aussi d’autres projets en parallèle. A bientôt.
Durant les deux mois de « crise sanitaire » et de confinement que nous avons traversés, les expériences ont fleuri dans de nombreux domaines. La période s’y prêtait.
Et après ? Nous nous déconfinons et surtout nous gardons l’élan généré par nos réflexions durant cette parenthèse collective et individuelle, à la fois hors du l’espace et le temps et dedans. Quelle expérience ! Les professeurs de philosophie s’en serviront sûrement pour les prochains sujets de bac.
Pour ma part, le confinement a été l’opportunité de travailler sur un thème que je souhaitais approfondir depuis longtemps. De plus, ce thème est en prise directe avec le passé artisanal et industriel local : c’est le textile. Vosges, terre textile, Alsace terre textile… tout est là.
Aborder le textile dans sa fabrication, son embellissement, les hommes et les femmes qui ont travaillé dans ce domaine, les contes et les légendes qui s’y rapportent dans toutes les civilisations équivaut à aborder un univers en soi. Dans les prochains mois, je proposerai une contée et des ateliers en relation avec ma pratique de l’impression végétale par martelage, le Tataki zome.
Ma contée a pour origine une légende arménienne de Antiquité :
« La reine qui sauva son roi ».
Fils d’or et d’argent De laine et de soie
Disparu le roi… La reine comprend Le message secret Et part délivrer L’époux tisserand Maître des orfrois
Fils d’or et d’argent De laine et de soie
Sa maîtrise d’un art textile permettra au roi de sauver sa vie. Son épouse, intelligente et audacieuse, savait anticiper les situations difficiles…
_______________________________________________
Pour les ateliers, je mettrai en avant la technique de l’impression végétale par martelage appelée « Tataki zome » au Japon. Je tiens à conserver ce nom pour cet atelier.
Comme les végétaux sont plus facilement imprimables lorsqu’ils sont frais et nouveaux, les saisons les plus favorables pour les programmer sont le printemps et l’été. Le début de l’automne, avec les fleurs et les feuillages colorés, permet aussi de belles réalisations.
À ce sujet, j’ai fait d’autres expériences il y a quelques jours dans ce domaine. Il s’agit de pétales de roses martelés sur du jean dont vous voyez 2 détails ci-dessus et ci-contre.
Du côté des possibilités d’embellissement à moindre coût, la couture et la broderie offrent aussi de grandes possibilités.
Voilà un gilet que j’ai coupé et cousu. Il est fait d’un patchwork de pièces de jeans et doublé.
Ici, c’est un sac à bandoulière que j’ai coupé et cousus là encore, à partir de jeans usés récupérés.
Ci-dessous, deux de mes jeans rapiécés façon « boro » (voir mes articles précédents à ce sujet) :
Cela en fait des jeans « double-peau »
très confortables en hiver.
Le 2nd est en cours d’embellissement
(broderie, ajout d’étiquettes et de pièces de jeans). C’est un travail au long
cours qui n’empêche pas de porter le vêtement même inachevé.
Mis à part le jeans, il y a d’autres vêtements récupérables et possibles
à personnaliser, comme cette veste de coton que j’ai trouvée dans une
friperie.
Je l’ai brodée en noir sur les épaules et le haut des manches, et j’ai brodé en rouge une phrase de William Blake dans le dos : « Si le soleil et la lune se mettaient à douter, ils s’éteindraient sur le champ. »
Pour toute information concernant les ateliers textiles « Tataki zome » et la rêverie contée de « La reine qui sauva son roi » n’hésitez pas à me contacter à l’adresse mél suivante : leriredusoleil@gmail.com