réveil | Béatrice Becquet

Voilà une belle occasion de rendre hommage à cet animal sauvage qu’est l’ours.

Sa posture debout est une particularité qui le rapproche des humains, d’où les nombreux contes et légendes qui peuplent notre histoire et notre imaginaire. La possibilité d’un tel rapprochement entre l’animal et l’humain a engendré fascination et respect pour ce roi des espaces sauvages dans une histoire si lointaine qu’on s’en souvient à peine. En revanche, la peur, le rejet et le meurtre sont bel et bien d’actualité. Comment les humains pensent-ils pouvoir survivre en rejetant leur part animale ? A plus forte raison celle qui leur ressemble tant. Désarmante naïveté.
Jean de l’Ours est un conte classique dans le genre. Il en existe de multiples versions. Blanche-Neige et Rouge-Rose des frères Grimm n’est pas qu’un conte pour enfants. Boucle d’Or est une mise en garde. Et la description des trois visiteurs qui frappent à la porte de l’isba la nuit de Noël dans le conte d’Henri Troyat me fait plus penser à l’arrivée de trois grizzlys dans l’univers de Babouchka qu’aux trois rois mages.

Le christianisme, sachant que ces rites païens étaient fortement implantés dans les sociétés où il voulait s’imposer, a calqué son calendrier sur celui de ces rites multimillénaires faute de pouvoir les éradiquer.
C’est ainsi que le 2 février qui correspond à la date dite « du réveil de l’ours » pour les païens est devenue la Chandeleur, fête de la Présentation au Temple de Jésus et de la purification de Marie, pour les chrétiens.
Des dictons ont été formulés sur fond de ces observations païennes :

« À la Chandeleur, l’hiver se meurt ou prend vigueur »
“ Le jour de la Chandeleur, l’ours rit ou pleure ”
“ Si fait beau et luit Chandelours, six semaines se cache l’ours ”

Le réveil de l’ours était le signe du retour du printemps. Il était fêté dans toute l’Europe, des Pyrénées aux Carpates. Les hommes se déguisaient alors en ours : cette tradition se confond aujourd’hui avec le Mardi Gras… Rappelons-nous l’ours du carnaval. L’ours puissant, velu, et presque de forme humaine lorsqu’il est debout, symbolise la force vitale. Il est lié à la vie et à la fécondité, la prospérité agraire et collective, ainsi qu’à l’espoir de voir la fin de l’hiver.

Histoire d’une fête unique, venue du fond des temps.

Si encore aujourd’hui, l’ours des Pyrénées fait couler tant d’encre, c’est qu’il ne faut pas sous-estimer sa portée symbolique, son inscription profonde dans l’histoire des hommes de cette montagne dont il a cristallisé les croyances depuis la plus haute antiquité.

Plus homme que l’homme
Ce plantigrade brun et puissant partage en effet avec l’homme la station debout, c’est-à-dire une ressemblance de structure, de silhouette qui l’a fait considérer depuis la nuit des temps, comme un mystérieux homme des bois, exactement comme cela peut être le cas sous d’autres latitudes, pour l’orang-outang. Déifié en tant qu’animal totémique, parfois diabolisé, il exprime la part animale de l’humain et la virilité féconde du mâle. Ce caractère sexuel et mystérieux est accentué par le phénomène de l’hibernation : pendant des mois, l’ours disparaît en effet des forêts pour dormir au creux d’une grotte. C’est au moment de son réveil que l’animal affamé est le plus dangereux. Son retour à la lumière du jour a donc logiquement donné lieu à nombre de fêtes de résurgence et de rites, marquant en parallèle le retour du printemps et aussi la fécondité de la nature.

(extraits de : http://www.capcatalogne.com/Venue-du-fond-des-ages–La-fete-de-l-ours–7474.phtm)
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Quelques références à propos de l’ours :

L’Ours. Histoire d’un roi déchu
livre de Michel Pastoureau
Librairie du XXème et du XXIème siècles
2007