Archives mensuelles : mai 2013

«Machaho! tellem chaho!»

Contes berbères de Kabylie dans des écoles du secteur de Dronne-Double, en Périgord

La semaine dernière, 55 élèves de CM2 et 60 élèves de 6ème se sont rendus à la Bibliothèque Municipale de La Roche-Chalais et à la Salle des Associations de Saint-Aulaye avec leurs professeurs pour écouter « Aubépin », premier conte du recueil de « Contes berbères de Kabylie » de Mouloud Mammeri.

À l’origine : un projet scolaire de défi-lecture s’organise dans ces écoles. Il prend en compte une notion figurant au programme des classes de CM2 et de 6ème : le merveilleux.
À l’étude des contes de ce livre, les professeurs souhaitent ajouter une dimension soulignée par Mouloud Mammeri lui-même : l’oralité.
Les contes étaient dits, à la nuit tombée, par les femmes, généralement les grands-mères, après avoir prononcé la formule magique : «Machaho! tellem chaho!».
Cette formule « permet l’accès à un monde à la fois étrange et familier, où toutes les merveilles sont à portée de désir et tous les vœux miraculeusement exaucés -comme dans les rêves-, ou cruellement déçus -comme dans la réalité. », explique l’auteur dans sa préface.

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C’est ainsi que j’ai conté devant ces 115 enfants et leurs professeurs les tribulations d’une jeune fille berbère de Kabylie qui, malmenée par la vie dans ses premières années, triomphe des obstacles grâce à son intelligence, son courage, et son amour de la vie.
À l’issue de chaque contée, les élèves m’ont posé des questions pertinentes sur le conte et sur cette culture qui leur est souvent inconnue. Ils ont fait part de leur étonnement et de leur ressenti, interloqués par la cruauté du conte.
Comme me l’a dit l’un des professeurs : « On est loin des contes en version hollywoodienne pavée de bonnes intentions ! »
Oui, et c’est très bien. Qu’on se souvienne enfin que le conte n’est pas fait pour les enfants, mais qu’ils peuvent l’écouter sous la protection de leurs aînés. C’est ce qui leur permet de grandir.

J’ai eu beaucoup de plaisir à entrer dans cet univers, à étudier des aspects culturels qu’il m’était indispensable de comprendre pour pouvoir nourrir ce conte de ma part de travail et d’engagement dans ce projet.
C’est ainsi, qu’entre autres, j’ai visionné « Machaho », un film de Belkacem Hadjaj datant de 1995, en version originale sous-titrée en français, où j’ai retrouvé l’univers présent dans les contes de Mouloud Mammeri.
Que j’ai réécouté ad libitum « A vava Inouva » d’Idir, découvrant au fil de mes recherches quelle était la signification de ces paroles, ce qui m’a menée jusqu’à une version kabyle du Petit Chaperon rouge. Passionnant !
Que je remercie aussi Fatima B. pour sa gentillesse et sa collaboration : c’est grâce à elle que j’ai appris à prononcer la formule magique indispensable à cette contée.

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Merci à toutes les personnes par qui ce projet a pu voir le jour, aux élèves pour leur attention. Et l’intérêt qu’ils ont montré pour cette dimension que nous portons tous en nous … et que nous ignorons si souvent.

Machaho !

« Printemps pluvieux, dragons heureux »

… sous des ciels aux nuances de lavis d’encre de Chine

 

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L’année du Dragon d’eau a fait place l’année de Serpent d’eau depuis le 10 février dernier, et nous vivons depuis des semaines sous des ciels aux nuances de lavis d’encre de Chine.
Nous voilà à la mi-mai passée. Où est le soleil ? Son feu nous surprendra-t-il l’été venant ?

En attendant, plongeons-nous dans ces contes où des êtres fantastiques peuplent les océans, les rivières, les sources, les puits… et les nuages : Sirènes, Vouivres, Drac, Basilic, Dragons.

Ils font peur aux hommes qui les fuient ou, au contraire, les poursuivent lorsqu’ils veulent en tirer profit ou s’attirer leur protection :
La Sirène, reconnaissante au sabotier de l’avoir libérée de ses filets, lui amène la fortune avant de repartir… en Inde !
La Vouivre, spoliée et cruellement torturée par un bûcheron, se venge immédiatement de la cupidité de cet homme.
Le Drac, lui, éborgne la naïve nourrice de son fils qui, revenue dans le monde des hommes, voit ce qui doit rester invisible.
Le Basilic hante le fond d’un puits et meurt de voir son reflet dans le miroir d’une servante.

Ce ne sont que quelques êtres fantastiques du monde aquatique, mais ils sont beaucoup plus nombreux : le Dragon du mont Saint-Michel, Mélusine la fée-serpente, la Bête à Sept-Têtes… pour n’en citer que quelques uns.

Les Dragons d’Orient, eux, tout à la fois bénéfiques et dangereux, vivent dans les lacs et les océans mais aussi au cœur des gros nuages. Leurs querelles sont effroyables, et gare au téméraire qui veut à s’emparer de la perle qu’ils gardent dans leur gueule ! Il doit réussir ou mourir.
Les filles des Dragons se marient parfois avec les hommes et assurent la prospérité aux habitants d’un village ou d’une région. Mais là encore, leur vengeance est terrible s’il leur est fait du tort, à elles ou à ceux qu’elles protègent.

Que votre voyage dans ce monde vous permette de vivre une métamorphose vivifiante et d’expérimenter l’insoupçonné.